Dans le matin satiné de blanches guipures,
Un chant en crescendo, monte, mélodieux,
Embrassant à l'infini des torrents de verdure,
Que ruissellent, mystiquement, des rayons de feu!
La forêt est tranquille, dans un matin brumeux.
Et le vert de ces arbres sains, et si vigoureux,
Nous offre un chant d'oiseaux. La nature s'émeut.
Nous voila dans un monde à part, mystérieux.
On entend au loin des solos, des trilles,
Tout un babillage divers pour réveiller Pan.
Des anges soufflent dans l'or des mantilles,
Etalant des tapis, riches comme l'Orient...
Aux rives d'un étang, les oiseaux frissonnent;
Un Martin-Pêcheur, adroit, a gobé un poisson.
Se reflétait l'orbe de la lune, en dormant,
Où Mars s'émoussait dans un ballet de sons...
Le poète va d'un pas, élégant, sous un saule,
Où ses branches flottent, doucement, dans les eaux;
C'est un jardin d'opéra, de capricieuses barcarolles,
Qui l'émeuvent autant que des baisers d'Eros...
LÃ , il est Lamartine, Baudelaire, ou Rimbaud,
Alors, il sort sa plume, son encre est un ruisseau;
Et il décrit ce vert, ce bleu... tout est si beau.
Le rêve est sa nature; l'amour est son sanglot.
Les fleurs sont en boutons, c'est déja le printemps.
Alors, les primevères deviennent des coquettes;
Le soleil les réchauffe, en remboursant " sa dette ",
Et l'eden se réveille, la beauté prend son temps.
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Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.