La pierre.
Je découvrais, à l'écart d'un buisson,
Une pierre qui bayait aux corneilles.
Ses angles refusaient la rondeur
Des vulgaires cailloux du décor.
Sa texture de granit imposait au regard
Un respect convoité, tandis que l'herbe drue
Semblait la chatouiller.
Aucun pavé alentour.
Point de mur, de maison.
Aucun sens logique à sa taille angulaire?
Comme elle semblait fière!
Au vu et au su de tous,
Elle trônait, placide, dans son écrin verdoyant.
Un peu moussue du temps passé à rêvasser
sous quelques nuages moqueurs;
C'est que la belle illusionniste,
Très imbue de sa silhouette,
N'eût accepté la moindre amourette
Avec un pavé trop mal taillé!
Tout en poursuivant le fil de ma rêverie,
De l'autre côté du miroir,
Là où flottaient trois beaux canards,
Un amoncellement de pierres
Savamment réconstitué,
Formait un joli cabanon.
Sous le ciel mordoré,
Le paisible habitat partagait sa lumière
Avec des ombres folles
Qui dansaient sur les pierres
Devenues bénéfiques à la beauté du site.
Comme quoi, bien que tant convoitée
Par tout archaïsme académique,
La jolie pierre angulaire misanthrope
Qui régnait sur un royaume fantomatique,
Dans son univers volontairement discriminatoire,
Souffrait d'une ineffable solitude................
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