Seule et désemparée au milieu de nulle part
Elle errait égarée dans la gare Saint Lazare
Ses cheveux emmêlés coiffés en un turban
Ses vêtements usés, abimés par le temps

Son visage est meurtri par les rides du mal
Ses mains sont asséchées car le vent est glacial
Les passants la regardent et l’œil est méprisant
Ils n’ont pas remarqué que c’était une enfant

Abandonnant ses rires et perdant son sourire
L’année de ses onze ans elle a connu le pire
Dans ses yeux arides se finit l’horizon
Un cahier, un crayon unique compagnon

Elle passe ses heures à noircir le papier
évacuant les malheurs qu’elle a du endosser
Elle dessine sa rancœur pour tarir ses pleurs
Et sa vie de malheur pour apaiser ses peurs

Seule et anéantie dans la gare St Lazare
Elle mourut au milieu d’un triste nulle part
Dans ses mains son crayon et un bout de papier
D’enfant ses rêves inscrits dans un humble cahier

Sur sa tombe au cimetière il n’y a pas de nom
Un caveau de misère pour unique maison
Les passants la regardent d’un œil méprisant
Ils n’ont pas remarqué que c’était une enfant.