Je dessine ta douleur



Je dessine ta douleur, naufragée du paradis
Aux nuances de tes pleurs, fécondes en solitude,
Sur la toile du présent où nulle couleur n'a pris,
Surgissent sous mes pinceaux des siècles de servitude.

De ma palette giclent des mélanges ténébreux,
L'indigo du mépris et le pourpre de barbarie,
Te brûlant l'âme et le corps dans les palais onéreux,
Quand les bleus disent l'effroi, recouvert sous la soierie.

Car ton corps encensé, levé idole sur l'autel
Des lubies phallocrates narcissiques et voraces,
Blessé à vif au stylet de l'outrage mortel,
Est vite oublié sur le lit des câlins fugaces.

Noirs de trop de clarté les riads de captivité
Aux jardins rafraichis de tes larmes et blessures
Que la vasque chagrine épand cris d'insécurité,
Quand ta bouche muselée ne peut braver les clôtures.

Qu'ils emportent les courants libérateurs du savoir
Tes chaînes fracassées à la foudre de la révolte,
Défonçant les murailles jamais franchis du manoir
Où des mains assassines t'amadouaient en despotes !


Khadija
(Ancien poème)