"J'ai envie de te prendre !"

"Ah c'est un peu trop court, te dis-je, vermisseau
Crois-tu charmer la dame en lui jouant le sot ?
Tu aurais pu dire bien des choses en somme
Tout autre que ces mots indignes d'un jeune homme.

Joueur d'échecs : mon roi veut se donner la peine
De sauter de ce pas votre charmante reine.
Cavalier : une selle à vos flancs magnifiques
Honorerait mon cœur d'étalon romantique.
Pêcheur : je plongerais bien ma canne en ces eaux
Et mon corps pour trouver le poisson, s'il le faut.
Philosophe : un désir peut-il être soudain
Et réel à la fois sans s'avérer malsain ?
Peintre : oh la belle toile au chevalet promise,
Mon pinceau, dites-moi, peut-il peindre à sa guise ?
Bijoutier : mon joyau cherche en vain un anneau,
J'espère en votre écrin y trouver ce cadeau.
Parfumeur : vos accords, vos senteurs sont sublimes !
Que fioles et flacons les prennent en l'abîme.
Fleuriste : votre vase est dépourvu de tiges,
De sève troublant l'eau qui point ne la fustige.
Musicien : mon archet souhaite sur votre viole
Prendre quelques envols en do ré mi fa sol.
Voleur : au clair de lune, un cri retentira
Quand j'aurai sous vos toits joué le scélérat.
Assassin : sur ma lame, attendez votre sort
Ce sera aussi bref qu'une petite mort.
Boulanger : je n'ai point trouvé d'aussi beau four
Pour y mettre mon pain, prêtez le moi ce jour !
Vampire : ô rougeur de ma brillante canine,
Laissez-moi vous goûter sous les feux qui déclinent.
Marin : cap sur ces eaux, que j'y fasse naufrage !
Militaire : soldat, feu ! Feu sur le rivage !
Avare : laissez-moi prendre en vous tout cet or !
Sorcier : que ma magie possède votre corps !

Vois-tu là, vil butor ! le bucher de ta prose
Qui d'ailleurs illumine un doux bouton de rose.
C'est cela, pars au loin sans écouter ce thème :
Romantique ! Ô ma douce, ô ma mie, je vous aime
Comme aurait tant aimé de son mythique nez
Le maître, Cyrano ! sous l'amer balconnet."