Rien n’est à nous, ni le vent qui noie nos pieds
dans la patience arrogante des montagnes,
ni la cime des arbres compromis dans les nues
que traversent des millions d’aurores chanceuses

seul le temps d’écouter le refrain d’une grotte,
la danse des voix d’enfants parmi les algues de sel
le temps de s’allonger dans des champs de pleurotes
ou de coudre le soleil à un doigt qui pardonne ,

seuls ces temps dociles comme des objets nus
appartiennent à celui qui les pose sur sa table
qui a conscience de la lente fontaine des choses
et des secondes où se pâment son silence,

si ton temps t’appartient, tu es libre à jamais
tu peux voir la mer dans les yeux de l’aimée
et distancer les orages qui s’en vont siffler
sur les plaines complaisantes du mauvais sort.