Qu’importe mes souliers troués
s’ils ont marché
dans une rue ensoleillée,
si une mouche les a piqués,
qu’importe mes souliers troués
si la pluie les a tachés,
si un troupeau de lézards
est passé sous leurs yeux
ou un chat plus noir que noir
leur a porté malheur,
qu’importe mes souliers troués
s’ils ont enterré mon grand père
s’ils ont fêté la Saint Patrick,
qu’importe, qu’importe,
ils ne sont pas en peau de crocodile
ni en carton adoubé,
ils aiment le soleil
et sont amoureux
de tout,
ils sont en peau de souvenirs,
mes souliers neufs, eux me font mal aux pieds,
qu’importe,
qu’importe mes souliers troués
s’ils marchent dans l’herbe
comme deux bœufs
paresseux,
ils sont bien plus confortables
ils me soulagent et me bercent
comme les fleurs d’un bateau
sur une mer repentante.