Mon père depuis son enfance
La vie dans la misère l'enfonce
Il n'est ni riche ni chiche
De son travail il s'entiche
Il creuse la terre le dos courbe
Fier d'appartenir à la tourbe
Qui n'est ni tartufe ni fourbe
Une main coupe les épines
Une autre entretient les racines
Les pieds s'enlisent dans la bourbe
L'amour de la terre l'habite comme une passion
La terre fait de lui un héros et le rend patient
Même sous la pesanteur d'une chaleur lourde
Il apaise sa soif grâce à l'eau de sa vieille gourde
Il n'aspire à devenir ni roi ni valet
Il creuse la terre rocailleuse hivers comme été
Il sème des graines sur les faîtes des vallées
Attendant sans souci les gouttes de la miséricorde
La foi le lie à l'espoir comme une solide corde
Il mange son morceau de pain sous son figuier
Il fait les ablutions à l'abri de ses oliviers
Mon père depuis le printemps de sa vie
Les mains calleuses ,le dos courbé et le front transpire
Le visage est toujours embelli par un sourire
Comme le plus bel amandier qui fleurit
Il n'aspire ni aux palais ni aux palaces
Il n'aspire qu'à réveiller la volonté lasse
Et planter les graines qui donneront des tiges tenaces
Il a un seul rêve ,voir ses enfants fleurir comme des narcisses
Il a un seul rêve ,voir ses filles éclore comme des lys
Il offre sa vie à la misère pour donner la vie aux fils
Sans rancune ,il ferme les yeux et avale le fiel
En donnant aux fils ,les belles gouttes de miel
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Une page de mon père