Si je n'ai pas pu écrire avant
c'est que la scène était terrible,
quatre ans ont atténué ma peine,
à voir cette gamine abandonnée
dans ce marché du Guatémala
le remords est ce qui reste et dort
de mes photographies d'alors,

Parmi tous ces fruits colorés,
la faim la laisse terrassée,
parmi tous ces gens habillés,
elle est vêtue de sacs et de chiffons,
dans ce marché abondamment éclairé,
son regard est fermé pour toujours,

Parmi tous ces gens qui rient,
elle n'entend que la colère des rats
qui la nuit ont piétiné son visage,
l'indifférence est cousue avec le ciel,
cousue avec l'enfer qui la saisit,
elle est prostrée sur son sol en béton,
seul le ciment des murs a un peu d'attention,

elle n'a surement pas de maison,
elle n'a surement pas de parents,
je voudrais la réveiller, la saisir dans mes bras
mais elle ne pourrait se lever,
elle préfère attendre la mort,
son âme déja s'éloigne d'elle
et survole le marché aux fruits colorés,

au revoir, au revoir, au revoir,
laissez moi m'en aller, monter au ciel,
plus rien ici ne me retient,
ni ces gens qui ignorent ma douleur,
ni ces rêves qui m'ont abandonné
dans ce marché aux fleurs parfumées
Chichicastenango Guatémala
où tout sent si bon que je préfère mourir.