Gros, gras et grand
Ventripotent et suant
Haletant et puant
L'argent!
Colliers, bracelet, montre
Bagues, briquet, gourmette
En or dix-huit carats
Faste et apparat
Parfum et éclat
Crâne dégarni
Poitrine poilue
Moustache finement taillée
Bien rasé
Élégamment vêtu
Outrageusement parfumé
Le regard perçant
L'air transcendant
Le nez arrogant
Altier et hautain
Comme un souverain
Un amiral, un général
Tournée générale
Buvez, misérables
A la santé du nabab arabe!
Puant le pétrodollar
Se prenant pour un phare
Ou un pharaon
Pourquoi pas Néron?
Fier comme un paon
Il fait la pluie et le beau temps
Il tripote les filles du cabaret
Il leur paie à boire
A sa table, tout coule à flots
Tout est permis
Lui au beau milieu
Comme un astre lumineux
Comme un dieu
Une meute de jouvencelles
L'entoure de partout
Comme des étoiles!
Avec outrecuidance
Il les enlace
Les pince aux fesses
Les embrasse, les caresse
Pour lui, elles dansent
Avec outrance
Quelles réjouissances!
Le porc à la forme ronde
Se prend pour le nombril du monde
Être ignoble et immonde
Se prend pour l'émir de la ville
Être fat, bas, sale et vil
Il trouve un plaisir infantile
A jouer au coq viril
Au mâle en rut
Il sait qu'il irrite les autres
Les autres l'envient et le jalousent
Comme si ces femmes étaient leurs épouses
Ils lui en veulent à mort
De réveiller ainsi leur douleur
D'attiser leur ardeur
D'allumer cette vieille chaleur
Éteinte pour toujours
Dans leur bas-ventre!
Ils le regardent de travers
Soufflant comme des phacochères
Bavant, aboyant comme des cerbères
Maudissant la terre entière
Et cette maudite bière amère
Ils ne savent plus quoi faire
Faire semblant de ne rien voir
Et continuer à boire
Comme si cette scène obscène
N'était pas réelle
Ou accuser cet exhibitionniste sadique
D'atteinte à la pudeur publique?
Se croyant le plus fort
Noceur et débonnaire
Le gros porc
Dévore ces délicieux corps
Encore, encore et encore!
Les filles accentuent la cadence
Le mettant dans un état de transe
Il frémit et délire
Il halete et soupire
Il vagit de plaisir
Il grogne de bonheur
Et...s'endort
Et ronfle comme un porc!
Les filles lui vident la tirelire
Les hommes le débarrassent de son or
Et le jettent dehors
Vivats, youyous, acclamations
Applaudissements, ovations!
Quand le gros porc se réveille
Il se retrouve seul
Dans la rue
Nu comme un ver!
Il devient un ver de terre
Creuse un petit trou dans la terre
Et s'enterre!
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Agadir, le 30/12/2010
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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rêvant de sa mie!!!