|
Menhir J’avais perdu le sens de l’orientation, Je marchais parmi les buissons de la lande, Plus rien n’existait en ce monde, Aucun désir, aucune tentation, Seul le blanc néant immonde Et le menhir vêtu de sa houppelande, Pâtre impassible et figé Rejeton de la vieille carrière Que l’homme a depuis longtemps oublié. Il veille sur la bruyère, Non loin c’est le choc du ressac Qui s’écrase sur la falaise. Le cri de la mouette moqueuse Survolant les calvaires en fracs Noyés dans la nuée brumeuse ; Son manteau cache mon malaise, Mon sang frappe à la gorge, Voici la peur qui s’apaise ! Est-ce le vent Ou le souffle de ma forge ? Je les confonds si souvent… Mais revoir son visage Passant derrière les peupliers Qui bruissent pour lui rendre hommage, Ou peut-être pour la supplier. Toutes mes valeurs ont fondues Comme la neige au soleil, Emportées sous les semelles Du temps. Rien ne sera jamais pareil ! Les hommes se sont confondus Avec leurs belles femelles, C’est patent. Les moutons ont revêtus leur laine car ils connaissent les rigueurs du froid. L’homme garde sa haine parader sur son palefroi ; Au bout de mes mains je vois mes ongles Elles sont rongées par mille tracas, Que la mélodie qui court sur les ondes Est incapable de mener au trépas. Et j’appelle Tous les témoins qui me survivront A écouter le vent sur la lande. Il chantera ma douce ritournelle Leur montrant le chemin qu’ils suivront Pour baiser le menhir en houppelande.
Capricorne, le 24/05/2010
|