La maison biscornue cachée dans la forêt
Avec son toit pentu qui courait jusqu’au sol,
Cachait tant de trésors pour nos jeunes années.
Dans l’été suffoquant comme beaucoup d’enfants
Nous allions en vacances chez nos deux grands-parents.
Les poules caquetaient jusque dans la cuisine,
Et la toile cirée où on posait les bols
Sentait le romarin et l’alcool a brûler
Ses odeurs resteront à jamais enfantines.
Sur le coin du vieux poêle la soupe mijotait.
La lampe à pétrole gravée de deux hérons,
Jetait des ombres folles sur le blanc du plafond.
La grosse porte en bois écaillée et grinçante
Où pendait de la corde à longueur de journée,
Se fermait chaque soir presque à la nuit tombante
De deux trois tours de clé évitant la tourmente.
Il étaient sandaliers. Devant le perron
Grand-père sur l’établi à califourchon
Assemblait les semelles de ces longes tressées,
Pendant que nous pieds nus, sur les maïs dorés
Nous tissions des cheveux pour ma vieille poupée.
Grand-mère cousait des toiles de toutes les couleurs
En chantant des airs sombres de guerres et de douleurs.
Tout au bout du chemin l’ultime récompense;
Le vieux puits de granit au chapeau de gendarme,
Avec son seau d’étain suspendu à sa chaîne
Que l’on se disputait bien souvent jusqu’aux larmes.
Mais quand il remontait débordant de fraîcheur,
Nous trempions nos visages envahis de sueur
Repoussant en soufflant les feuilles du grand chêne.
Chacun de son côté en maintenant son anse
Nous arrivions heureux dans ce gîte perdu
Que j’avais surnommé: " la maison biscornue "
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Quand le poème a des beautés, quelques taches ne me choquent pas