Après un virage de plaine qui vendangeait la terre…
Nuée de pierres, le village trapu affiche ses tours sèches.
A grands coups de pelle, les rues se promènent sur la scène…
les murs anciens ignorant le crépi des façades nouvelles.
De n'avoir pu saisir le temps sous l'ombrelle, les fenêtres se rincent des soleils.
Puis c'est la guerre des vents doux qui passent entre les ruelles.
Pelotonnées contre la pente orageuse des taillis,
les maisons s'empilent dans un vertige de dédales continus.
Le long du couloir…
un foisonnement de fleurs plante dans le ciel, une déchirure verte.
Plus bas dans la lumière… un figuier se déplie au-dessus du vieux banc.
La rivière enchaîne ses relais au milieu des jardins.
Et dans son panier,
le vieux moulin diffuse son ouvrage coloré d'histoire, de souches, d'art ;
attirant les touristes dans son éventail.
L'eau coule tranquille à ses côtés, sur un trapèze de cailloux qui s'amoncellent.
Le tout polissant la clarté et le pont qui la traverse.
Emergeant des brumes laiteuses… les chapelets du ciel offrent à nos regards,
autant d'instants magiques que de hauteurs qui diffèrent :
les unes encadrant de remparts le village qui marche à la cadence des habitants ;
les autres sillonnées d'arbres qui se perdent dans l'avalanche des forêts,
luxuriantes de feuilles qui luisent et briquent l'étendue.
Le clocher trempe dans l'azur et sonne les heures qui s'évanouissent dans les tresses.
Dans l'effervescence… un vol strident et dévorant de criquets
avale tout ce qui nous parle à l'oreille, dans le sang pétrifié des perles.
Au bruit sourd qui ballonne dans l'espace….
un papillon s'échappe de l'essaim et partage la dernière rosée avec la rincée du matin.
Un avion empaille l'air. Les rubans se déroulent. Les insectes pullulent.
Les branches dégagent leurs parfums châtains,
et enferment quelque porte secrète sous le grenier des nids refoulés.
Nous piquons la tête vers une courbe de ruelles ;
d'escaliers qui serpentent et grimpent jusqu'à la tour qui termine les faîtes.
Un cri d'oiseau gèle soudain le ciel. Je tiens ma promesse serrée dans ses ailes.
Jusqu'à la dernière marche j'écrirai le reste de nous, et celui qui nous entoure.
Midi. L'odeur du pain sur une tranche de vie.
L'eau vient boire à la table. Un rayon lézarde sur la grappe.
Le repas s'annonce comme autrefois, préparé dans l'aval du temps.
L'odeur en pince les yeux sur la nappe blanche, et sable le courant.
Nous causons doucement.
La vitre frappe à la porte ses tonnelles.
Dehors, la rivière se jette dans l'essieu. Un air de querelle trotte sur la pierre.
Deux pies sur la buse couvrent la voix des enfants qui attrapent
les rires dans la cour et rivalisent, de prendre le plus fou qui délire.
Sous une pluie d'oiseaux.
Pires dans les vignes que les coquelicots dans les blés…
Nous poussons plus loin la clé des champs
pour venir à la fontaine des longueurs mouillées que les villes ont quittées…
ramassant le seau, absorbant un duo de soleils vermeils,
au tricot de la vigne qui goutte de raisins.
Blanche. Noire.
Une flaque d'huile brûle l'infini sous la chaleur. La chandelle se coupe du vent.
Nous repartons dans les nœuds des terres qui rachètent demain.
Ema