Plume d'or Inscrit le: 5/3/2008 De: Tunisie Envois: 1238 |
ode avec refrain Sérénade espagnole
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ? Et si nous allions, sur la nef du silence, Sur les flots limpides et blancs comme des miroirs, Oubliant le chagrin, oubliant le devoir, La flamme aux yeux, l’amour au cœur, et l’indolence ?
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Oh ! À l’amour la douce aurore nous invite, Et la douce nuit nous convie. Allons vite ! Montons, comme des oiseaux, sur l’aile sonore du vent ! La vie est éphémère et les jours nous quittent, Sous son toit délabré nul cœur ne s’abrite ; Le mien veut s’abriter sous ton soleil levant !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Le doux Guadalquivir appelle nos nefs blanches, Qui monteront, comme deux oiseaux sur la même branche, Ce soir, sur ses eaux claires, quand il sera minuit ! Pareil au voyageur qui sa soif étanche Et qui sur l’eau bleue d’un ruisseau se penche, Je me pencherai sur ta lèvre qui me fuit !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Je veux que tu m’aimes comme je t’aime, et que ton cœur, Ton cœur blanc, qui ignore la haine et la rancœur, Soit le doux oreiller où mon cœur se pose ! Je veux bâtir pour toi, ô, mon ange vainqueur, Un immense palais, loin des sourires moqueurs, Où tu t’endormiras sous les pétales des roses !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ? Plus grand qu’Alhambra, à la beauté immortelle, Plus puissant que les tours de la reine Isabelle, Plus héroïque que le Cid souriant à la mort, Est mon amour. Et ma flamme est toujours fidèle A ton flambeau chéri, à ta beauté, ma belle ! Et je t’aimerai toujours, sans oubli et sans remords !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Oh ! Ma guitare gémit. Madame, l’écoutez-vous Ce son plaintif et clair qu’emporte le vent doux Jusqu’à votre cœur et jusqu’à votre oreille ? De tout l’univers je ne crains point le courroux ! Je resterai ici, je chanterai, jaloux, Jusqu’à ce que l’enfant que je berce se réveille !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Réveille-toi donc, ô, mon enfant ! Cesse de dormir ! Écoute l’amant dont le cœur est las de gémir, Mais qui n’est pas las de t’aimer, ma douce reine ! Je suis ton dieu, mortelle, adore-moi sans frémir ! Tu seras ma princesse, je serai ton Émir ; Je serai ton seigneur et toi ma souveraine !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Bientôt, ta fenêtre s’ouvrira comme une fleur, Sous le soleil radieux et vif de ma douleur ! Bientôt, sur ton balcon, je te verrai sourire, A mes pâles ténèbres, à ma ténébreuse pâleur ! Et du Printemps radieux je verrai les couleurs Sur ton front révéré, sur ta bouche que j’admire !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Ô, la jeunesse pare ton front de ces beaux lauriers, Comme Rome ses empereurs, Athéna ses guerriers ! La Grâce te déifie, la Beauté te couronne, Douce assassine ! Ton cœur est du mien le meurtrier ! Mais ma bouche ne peut plus que gémir et prier Devant la reine qui s’est assise sur son trône !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Ô, la sagesse pare ton cœur de ses lauriers chastes, Comme Artémis ses vierges, et comme l’ombre vaste Le foyer fidèle, par les dieux eux-mêmes chéri ! Loin de toi, tous mes jours maudits sont néfastes, Toi seule peux me guérir, toi seule me dévastes, Ô, ma belle ! Ouvre ta fenêtre ou je péris !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Comment dire, mon jeune ange, ma frêle déesse, Le feu de tes baisers, la flamme de tes caresses, La grâce qui ouvre, le matin, ton œil dormeur Et qui ferme, la nuit, ton œil plein de paresse ? Comment dire ta beauté et ta tendresse ? Ô, ma belle ! Ouvre ta fenêtre ou je meurs !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
Tu es plus belle que le radieux soleil Qui dore des montagnes les hauts sommets vermeils, Car il s’en va, alors que, toi, tu demeures ! La rosée aux doigts blancs caresse ton sommeil La beauté aux doigts d’or pleure jusqu’à ton réveil Ô, ma belle ! Ouvre ta fenêtre ou je pleure !
Madame, qu’en dites-vous ? Et si nous allions, ce soir, Au pays divin où il ne fait jamais noir ?
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