La route...
Elle commence un jour et fait mille détours
Elle traverse la vie en suivant ses contours
Tressaille à ses joies pleure à ses désespoirs
Elle s’insinue étroite entre haies et ronciers
Escalade les pentes esquive les halliers
Contourne les rochers évite les marais
Part à l’assaut des cimes joyeuse et intrépide
Enjambe les torrents à l’eau claire et limpide
Repart en gambadant vive et pleine d’allant
Attentive aux saisons défilant doucement
Elle aborde la plaine la parcourt lentement
Encadrée de villages de hameaux ou de villes
Comme un ruban soyeux elle ondule sans cesse
Jouissant de l’air pur du vent de ses caresses
Captant dans ses méandres la beauté d’un sous-bois
Le gel la fait craquer quand viennent les jours froids
La neige la recouvre de son manteau de roi
En attendant la pluie qui vient tout effacer
Le soleil la dessèche impitoyablement
Pompant jusqu’à la sève les eaux de ruissellement
Quand la boue s’est figée en torrent craquelé
Hier encore si douce la voilà meurtrière
Charriant sans pitié la terre nourricière
L’humanité gémit ne la reconnaît plus
Quand elle s’essouffle un peu elle prend quelque repos
A l’ombre d’un bosquet ou d’un endroit bien clos
Elle aime à se mirer dans l’eau calme des lacs
Quand elle en croise une autre elle la salue bien bas
D’où viens tu mon amie où te portent tes pas
Cheminons de concert ce sera plus facile
Tandis qu’elle s’avance se tisse autour d’elle
Tout un filet de routes assemblées en dentelle
La Terre disparaît sous ce réseau serré
Alors exténuée usée jusqu’à la corde
On la voit chanceler dans ce flot qui déborde
Elle s’arrête enfin saoulée de ses voyages
Et tandis que là -bas hésite une autre route
A l’aube de sa vie encore pleine de doute
Elle lui crie de loin Vas-y fonce n’aie pas peur
Et puis elle disparaît derrière l’horizon
Rejoindra-t-elle bientôt le seuil de sa maison
Elle qui a enfin trouvé sa plénitude
Capucine