Un flambeau parme telle une longue fleur paraissait m'attendre aux prémices de l'escapade.
Sa cueillaison, avec conscience, me fit l'effet d'un viatique épanouissant durablement ma main. L'aspect de poing fermé n'était justifié que pour tenir à distance les contempteurs du charme.
Et je le portais haut, au-dessus de mon dernier contrat, au-delà de ma dernière pensée, pour qu'il éclaire mon pas sans destination parmi les chimères des brillances qui verdoient, jusque vers les hautes courbes ombrantes que croisent des vols fugitifs, et qui fractionnent l'azulejo des ciels aux confins des prairies.
Même si je n'avais plus, comme avant, Mademoiselle LIN à mes côtés, sa tête délicatement inclinée sur mon épaule, quelques-uns de ses doigts entrelacés avec quelques-uns des miens, tous les autres connaissant le secret de versicolorer des bouquets jumeaux, l'encre zéphyrienne de ses cheveux calligraphiant les traits de mon visage, ses yeux de jais mi-clos et troubadours lucides d'un chemin mystérieux, je sentais intensément qu'elle était toujours avec moi... et je vins suspendre notre lampe dans le bonheur de l'une de ces cabanes qu'elle prestidigitait soudain... où reposer sans horloge le courage d'accepter le mystère des présences invisibles et absolues, le passage graduel du rose et de l'orangé du soir aux brasillements de la nuit, et la métamorphose des chaleurs tout à la fois paisibles et rebelles aux eaux ténébreuses du Léthé...