
Le train allait de tout son long.
Elle demeurait immobile.
Des champs de blé mûr aussi blonds
Que ses cheveux passaient à la file.
Il lui envoya un regard
Où il avait taché de mettre
Toute son âme. Son regard
Se reflétait dans la fenêtre.
Il ne voulait rien ajouter,
Rien retrancher à sa personne,
Gardant toute la volupté
De la perfection qui se donne.
Elle était le point lumineux
Où l'ensemble de ses pensées
Convergeait, ne fermant les yeux
Que pour mieux se l'imaginer.
Le dernier volant de sa robe
Laissait apparaître son pied,
Et qu'une bottine l'enrobe
Donne une grâce qui lui sied.
Comme elle souriait alors,
Une fossette se creusait
Dans sa joue, ajoutant encore
Plus de charme à ce qu'elle était.
Il regardait sans retenue
Les effilés de sa coiffure
Caressant son épaule nue
Comme une authentique gravure.
Il n'osait lever ses paupières
Pour la voir plus haut, face à face,
De peur que l'intense lumière
Emanant d'elle ne s'efface.
Tous ses gestes gracieux tombaient
Dans son esprit comme de lourds
Métaux dans un four, avivaient
La flamme et faisaient de l'amour.
Elle arrêtait sur lui ses yeux
Un instant. Alors, il sentait
Son coeur s'embraser, prendre feu,
Ses regards pénétrer d'un trait
Son âme comme ses rayons
De soleil au fond de l'eau vive.
Il ressentait un abandon,
Une dépendance exclusive.
Mais le train arriva à quai.
Toutes les histoires s'achèvent.
Il ne la revit plus jamais.
C'en était fini de son rêve.
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Essayons d'être heureux, ne serait ce que pour donner l'exemple.