Cavalière de l'aube
En un coin ô cavalière de l’aube naissant
tu as franchis tôt ce matin
le pont du grand fleuve des sentiments
Ton image mirée sur l’étoile du berger
fuit laissant dans mon rêve tes sensations
Sur les denses trouées d’un ciel troué par les chagrins
s’égouttent de pâles lueurs de mon destin
accrochées aux vides creusés dans mon sang
où se rajeunit l’arbre de l’espoir sur les berges du temps
Souvent je sens des ondes me couvrir
Nervures d’étoiles où coulent toujours ton élixir
sur les chemins routes des cieux ennoblies
Où ton cœur veille éternellement sur mon nid
Je ne sais pas si tes yeux avides
portent encore ton doux regard gracieux
sur ma silhouette fixée sur les chemins de l’absence
aux détours longs et sinueux
errant avec mon ombre fixant à tes sens
des pans d’un passé saignant aux plaies bleues
où l’amour en saccades ruisselle court entre les ronces
pour s’enterrer dans la tranchée d’un présent creux
Sens-tu mes plaies crépiter ?
Dans les feux de mon cœur en émoi
Avec toutes ces étincelles régurgitées
par mon âme perlant un soleil sur ta voie
Ô dis-moi et cette rivière de mes mots ?
creusée dans la vallée de mes mirages
cherche-t-elle toujours à rejoindre tes flots
que ta mer jetait sur mes rivages
Et ces échos d’appels d’un passé revenus
aux parois de ton silence suspendus
ont-t-ils arraché les maux ?
pour nourrir l’oubli dans ses vaux
Je ne sais pas si tu jardines encore
dans le champ que broient les dents des vents à l’usure
pour ne laisser que les râles et murmures
des pétales de l’amour au quai d’un idéal mort
Je ne sais pas si tu gardes la robe princière
dérobée à la reine du rêve dans l’éther
ployant ses dentelles rouges autour de mes paupières
pour faire une aurore sur le dôme de mon esprit dans ton aire
Je ne sais pas si je peux lire sur les nues tes gravures
avec mes yeux rouges larmoyant
éblouis par les miradors sur les nuages où ton image miroitant
réfléchit sur mon visage des rayons forts
Je ne sais pas si tu gravites autour de mes dires
Si tes yeux jettent des éclairs
sur le jardin d’automne endolori de mes désirs
aux derniers fruits mûris à l’ombre de ton ombre sur ma terre
Je ne sais pas si le jour premier envoie toujours ses messages
en flux rayonnant ses éclats sur nos vagues
Je ne sais pas …….
Reste que chacun jette au large de sa mer
pour les bons souvenirs une bouée de sauvetage
Je ne sais pas…..
L’essentiel est que le rêve perdure !
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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