Le loup est maigre est vieux sur son rocher assis,
Il pointe le museau vers le soleil couchant,
Ses yeux sont ternes et las, le seigneur vieillissant
Devient lent, ses pattes et ses muscles sont rassis.
Il se souvient du temps de sa plus belle vie
Où il courait, sans se lasser, la plaine immense,
Conduisant fier sa meute et cherchant l’abondance
Dans la toundra si pauvre et dure à la survie.
Ses favorites avaient pour lui adoration
Et lui savait combler leurs besoins, leurs désirs,
Et de fiers louveteaux lui donnaient le plaisir
De prolonger sa vie dans leur génération.
Il était le plus fin chasseur de tout le Nord,
Dont l’odorat subtil et jamais en défaut
Savait trouver la proie terrée près du ruisseau.
Il était le plus grand, il était le plus fort.
Combien il a vu de merveilleux paysages,
La montagne en hiver emmitouflée de neige,
La forêt au printemps semée de perce-neiges,
La prairie verdoyante et le torrent sauvage.
Et il courait toujours, chasseur infatigable,
Du Nord au Sud et d’Est en Ouest au long des ans,
Personne comme lui ne protégeait son clan
Des périls naturels, des hommes haïssables.
Puis un jour de printemps, quand les amours s’échauffent,
Il fut chassé par ceux qui lui devaient la vie
Et il dut accepter, pour gagner sa survie,
Solitude et ennui, mais il fut philosophe.
Aujourd’hui il se sent fatigué de la route.
L’automne va venir avec les froids mordants
Qui vont ronger sa peau et puis glacer son sang,
Sans personne pouvant le sortir de son doute.
Alors calme et serein, le fier conquistador
S’allonge sur son roc, lève encore les yeux
Sur le ciel qui flamboie à l’ouest, merveilleux
Et en très grand monarque pour toujours s’endort.
Le 25 mai 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)