L'ennui et l'habitude ... ( c'est triste la vie )
C'est encore ou toujours cette route cimentée
parfois trempée sous la pluie fraîchement acidifiée
qui s'ouvre à moi, me ravissant un sourire de béatitude,
un léger rictus, insignifiant, mais si désagréable.
L'habitude éternelle de ne rien faire d'original
s'accroche à mes doigts et me lacère d'une lassitude
empruntée par ces jours qui se suivent à l'identique
et qui me paraissent semblables à toutes les pauvres filles !
Des créatures navrantes de bêtise qui s'éparpillent
sur mon esprit tel un essaim de hargneux et incommode moustique !
Tiens, v'la, le vieil homme d'en face
Encore son cigare au bec et son chapeau sur la tête
Tout est en place
L'homme fume, je lui donne un bonjour qu'il me prête...
Ne voyez vous donc pas nos vies pitoyables
s'enchaîner dans des torrents piteux et insoutenables ?
Les lampadaires éclairent les bagnoles frigides
sans se soucier des oiseaux qui dorment en chantant
Ici tout se ressemble, tout se répète, rien n'est limpide
ni l'eau du fleuve, ni les lumières et pas même les regards d'enfants !
C'est comme vivre une journée indéfiniment,
on se lasse du temps, on oublie ce qu'on aime tant !
La haie du voisin, un petit vieux retraité de la fonction publique
est taillée selon la tradition ; " Que du classique "
Ah le fiacre, la maison et le chien se sont laissés ternir
par notre prudence sans limite qui transforme le plaisir
en une fleur de montagne, mille fois désirée
autant de fois chérie,, mais hélas jamais attrapée !
Le pied posé sur le rebord du trottoir
L'homme devra bientôt s'asseoir
pour fumer son cigare paisiblement
sans être dérangé par la vieille d'en haut et ses hurlements.
Ne voyez vous donc pas nos vies pitoyables
s'enchaîner dans des torrents piteux et insoutenables ?
C'est sans surprise que la porte d'entrée s'ouvre et à chaque fois
un bruit de démons se fait entendre
C'est le vent qui d'une bise tendre
nous dit qu'il est temps de sortir de ce cauchemar.
Les fleurs veulent pouvoir danser durant la nuit
et les roses expliquer l'histoire de leurs épines de soie.
Que faut-il donc faire pour enfin voir
une poussière d'étoiles dans cette triste nuit ?
Rien ? Tout est ennuyant lorsque la monotonie s'en mêle
Le cri assourdissant des femmes reste cruel
Et les pauvres gens tendent la main, désespérément,
pour récolter un grain d'espoir dans ce monde consternant !
Mais, voilà que la pluie déferle à présent
l'homme éteint son cigare machinalement,
remonte chez lui en empruntant les escaliers
qui d'ailleurs, reflètent parfaitement ses pas trop réguliers !
Ne voyez vous donc pas nos vies pitoyables
s'enchaîner dans des torrents piteux et insoutenables ?
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... nous faut-il nourrir nos rêves et les réaliser aussi ?
