Plume de soie   Inscrit le: 31/5/2006 De: Monistrol sur loire Envois: 51 |
sans toi Aujourd’hui je t’ai perdue. Sans même avoir eu le temps de te dire au revoir.
Mon regard pourtant t’a longtemps cherché, mes yeux t’ont pleurés, si fort qu’aucun mots n’est assez puissant pour dire à quel point je suis vide sans toi, à quel point je ne suis rien sans toi.
C’est aujourd’hui que j’ai décidé de t’écrire, j’aurais pu attendre quelques temps ou bien encore ne jamais le faire, mais je le f ais parce que je ne peux faire que ça, que je ne suis capable que de ça. Tant que mon cœur saignera, je t’écrirais, les lignes s’enchaîneront les unes après les autres et pendant très longtemps.
Je vais écrire, raconter ta vie, du début jusqu’à la fin en essayant de n’omettre aucun détail.
Alors voilà , je t’ai connu un 16 avril, dans les toilettes du bureau, c’est là que tu es entré dans ma vie, dans ces toilettes ce que j’espérais depuis longtemps était enfin arrivé. J’étais enceinte de toi, Mars avait porté ces fruits.
Le soir même je t’annoncé à ton père, qui à peine mis au courant avait déjà imaginé à quoi ressemblerait ta chambre, quel sport tu pratiquerais, quel métier tu exercerais, bref quel homme formidable tu ferais. Moi de mon côté je te cherchai une identité. J’avais deux prénoms en tête, parce qu’il faut que tu sache que les filles sont comme ça, très tôt elles savent quel sera le nom de leurs premier enfant, donc si tu étais un garçon tu t’appellerais Noah, si tu étais une fille tu t’appellerais Léa.
Les jours suivants tout le monde était au courant, beaux parents, frères, sœurs…
A chaque secondes, chaque minute, chaque heure tu grandissais en moi et j’apprenais à te connaître, c’était comme si tu avais dormis dans mon ventre depuis toujours et que tu t’étais enfin réveillé.
Chaque femme vit sa grossesse de manière différente et en ce qui me concerne je ne m’attendais pas à la vivre aussi intensément. On dit souvent des femmes enceintes qu’elles ont l’air très épanouis, ce fut bien plus que cela pour toi et moi, tout du moins pendant les premiers mois.
Le 1er trimestre s’était déroulé sans encombres, j’avais pris un ou deux tour de taille peut- être, je ne me souviens plus exactement, la prise de poids m’importait peu mais j’essayais tout de même de continuer à faire un peu de sport histoire de ne pas avoir trop de cellulite ou de vergetures et aussi afin de pouvoir retrouver la ligne assez vite après ta naissance, je sais que cela peut te paraître plutôt égoïste ou futile mais ton père n’aurais surement pas aimé que je me laisse aller.
Fin juin nous savions que tu étais un petit bonhomme, que tu étais en bonne santé, que ma grossesse était parfaite. Tout se déroulait si bien, trop bien pour que ça continue, il a fallu qu’il y est une faille, que dis- je une faille !
Il faut que je te le dise maintenant, que tu sache pourquoi ton père n’a pu être là quand tu es né.
Le soir du 7 juillet je me sentais très fatigué, j’avais appelé ton père pour savoir à quelle heure il comptait rentré du travail, il m’a dit « je serais là vers 19h », il n’est jamais arrivé, ce n’est que plus tard vers 21 heures que j’ai appris qu’il avait eu un accident de voiture, qu’il était à l’hôpital, et que son état était des plus grave. Ce soir là pour la première fois je ne me préoccupais pas de toi mais de l’homme qui m’avait tout apporté.
J’ai attendu des heures avant qu’un médecin ne vienne s’asseoir auprès de moi, il n’a rien eu à dire, j’avais compris, je voulais juste le voir une dernière fois. Le médecin m’amena auprès de lui et me laissa seule quelques instants, j’ai donc pris sa main dans la mienne très fort, je m’étais dit que si je serrais assez je pourrais lui transmettre un peu de ma vie et qu’ainsi il se réveillerait et que tout ce qui s’était passé ne serait qu’un mauvais souvenir, mais il n’y a rien eu, j’ai relâché légèrement sa main et l’ai posé sur toi, pour qu’il te sente une dernière fois. J’ai pleuré silencieusement et avant de partir je l’ai embrassé comme pour lui dire « bonne nuit, à demain » savant pertinemment qu’il n’y aurait pas de « demain » avec lui.
A partir de là les jours passèrent plus difficilement, il fallait organiser les funérailles, conduire son corps à l’église devant des gens que je ne connaissais pas forcément et d’autres qui nous avaient accompagné depuis le début de notre histoire, qui savait combien nous nous aimions mais qui ne pouvaient imaginés combien ma peine était irréparable.
J’ai écouté les discours que chacun avait rédigés, tous étaient unanimes, « il était l’ami que tout le monde aurait voulu, le collègue toujours prêt à vous aider, l’homme qui savait se sortir de n’importe quelle situation » mais par-dessus tout il avait été celui a qui j’avais donné mon cœurs et qui avait su le protéger, alors pourquoi n’avais- je pas su protéger le sien ?
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