Quand vogue la galère...
La pluie ruisselle au son des mots
Océans tourmentés grondent en sourdine
Mers démontées cascadent telles ondines
Et je me noie en offrande aux roseaux
Assoiffée je coule jours malheureux
Restant toujours en carafe la caravane passe
M’oublie nourrie de cactus je trépasse
Autrefois pourtant je buvais la vie en bleu
Torrents dévalent roches escarpées
Edelweiss et neiges rouges aveuglent mon soleil
Sur troncs moussus rosée tombée du ciel
Je goûte avide telle naufragée
Tonnerre zèbre nuées décourageantes
Foudroyée d’amour je cours sans un abri
Caravelles canots esquifs ou Kon-Tiki
Ma vie me mène de bateau en tourmente
Petite sirène amputée aux écailles noircies
De serments de marins et de vils boucaniers
Ma voix perdue en ondes et en frangipaniers
Je glisse de mon roc vers abysses taries
Attachée au grand foc je vogue à l’aveuglette
Figure de proue figée regard en horizon
Mon passage du Goix n’est qu’éternel ponton
Les ressacs ont effacé toute trace de quête
Orages d’aciers nuits et brouillards
Je me voulais corne de brume
Pour disparus anciens hurler Ă la lune
De leurs voix anéanties je me pensais le phare
Mais la mer rouge effacera bien vite
Toute trace d’écrit balbutiée sur Shoah
Buisson ardent consumé n’était pas fait pour moi
J’ai bu jusqu’à la lie terrible maïeutique
Aujourd’hui prisonnière de grands fonds marins
Réserve d’air épuisée je flotte éparpillée
Mon ancre bien rouillée ma grand voile déchirée
J’espère le grand large sans penser à demain.
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