Profitant d’une trêve de bavardage
Et d’un instant de silence
Qui pouvaient ĂŞtre fatals
Une langue trop longue
Aux paroles blessantes
Violant les bonnes consciences
Dans la nuit s’est pendue.
Au petit matin gris
Un batelier l’a retrouvée
Dans le canal de l’Ourcq
Recroquevillée et pâle
Sous les dents trop longues
D’une bouche géante
Flottant entre deux eaux.
Quel Ă©trange berceau
Que les herbes d’un canal
Quel lancinant refrain
Que le lent clapotis de ses eaux
Pour cette bouche béante
Aux lèvres incarnates et sensuelles
Encore palpitantes de vie.
Cette bouche qui n’a pu ranimer
La curieuse bĂŞte aquatique
Mi serpent aglyphe
Mi escargot géant
Morte noyée
A une encablure de la berge
Si proche du passage de l’écluse.
Cette bouche jalouse
Qui savait trop aimer
Et chanter l’amour
Au fil de l’eau
Avec pour seul messager
L’infatigable agrion bleu
Aux ailes d’acier.
Krisfi
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Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c'est le mystère des choses !
(Frederico GARCĂŤA LORCA)