Au pays de nos coeurs...
Quand l’aube renaîtra, renversant sur ma couche
Les baisers lactescents de son vase de Sèvres,
Ne t’enfuis plus, ô toi, que le jour effarouche
Reste contre mon corps enfiévré de tes lèvres!
Si tu laisses ta main, serrée entre les miennes
Nous franchirons tous deux les portes du matin;
Il suffit de si peu pour que tu me reviennes!
Juste un frémissement sous un drap de satin....
Juste un songe assoupi, que ton souffle cadence,
Un parfum flotillant, sur ton front en sueur.
Il suffit de si peu, pour que tout recommence
Et reprenne sa place au pays de nos coeurs!
Ma mémoire ajourée, ainsi qu’une dentelle,
Du temps impénitent connait bien les assauts;
Pourtant, rien ne t’efface, et ton ombre fidèle
Au plus froid de mes nuits, garde mon âme au chaud.
Il suffit de si peu pour que tu me reviennes!
Juste un frémissement sous un drap de satin....
L’outremer de tes yeux pour immoler mes peines,
Le clair-obscur d’un soir sur ton rire mutin.
Puisque est venu l’instant où le rêve s’échoue
Comment suivre tes pas, comment te retenir ?
Le lasso du sommeil, lentement, se dénoue
Et je sais qu’à présent il te faut repartir...
Escaladant mon coeur qui résonne de toi
Sur la pointe des pieds tu rejoins l’autre rive
Le ciel te réclame et je connais sa loi!
Mais le soir à nouveau, coulera son eau vive
Je vivrais dans ton coeur, tu battras dans le mien
Il suffit de si peu, parfois de presque rien...
L’amour ne meurt que de l’oubli.
-Rosaly - Novembre 2022