Bruno, refais donc le plein des sens....
Tu dors depuis longtemps au delà du nuage
Depuis qu’un beau matin tu partis sans grand bruit.
Il se trouve qu’ici tout paraît déconstruit
Les mots ne sortent plus, prisonniers d’engluage.
Nos échanges diserts, sans être babillage,
Donnaient bien du plaisir comme un bon jus de fruit.
Sans être vrais poètes au phrasé fort instruit
Nous débattions souvent sans aucun habillage.
Tes poèmes sans fard me relançaient toujours
En laissant chaque fois d’innombrables ajours.
Sortis de ton chapeau les mots étaient sapides.
Ton encre a du sécher ; lors je n’ai plus de pli
Car les transports des cieux ont des trains peu rapides.
Je pense que là -bas tu restes en repli.
Kéraban écrivit ce qui suit: Le poète endormi 14/9/2015
Quelquefois je m'endors, et l'âme se délivre,
Et l'écran se dessine où les mots font des vers,
Et l'horloge du cœur, aussi, tourne à l'envers,
Et, poète endormi, yeux clos, je meurs de vivre.
Un poème est si fait, qu'on ne peut le faire qu'ivre,
Témoins en sont les grands, partout, dans l'univers,
Et moi, poète nu, ensanglanté, pervers,
Je ne peux que dormir quand mon âme s'enivre.
Or mon poème est franc, il dit tout, il dit vrai,
- Rouge ou blanc soit le vin, servi chambré ou frais -,
Il est l’œuvre de l'âme. Et ma mort est divine.
Homme ou femme je suis, poète où l'on devine
L'envie De m'échapper d'un monde qui m'effraye,
De dormir et d'écrire, encore, l'âme coquine.