Chanson pour Renaud
Quand j’étais gosse je voulais devenir loubard
Un balèze, un costaud musclé comme sardine anorexique
Écumé avec mes potes de baston les troquets et les bars
Partir aux balloches pour se faire la caisse et un peu de fric
J'técoutais dans ma piaule tendant mes biscotos devant la glace
Chanté les bourgeois, et les zonards avec leurs rouleuses et leurs tarpés
Et un monde qui était aussi blême que mon appart sans classe
Et puis j’me disais qu’une beigne ou deux ça m’rendais moins chtarbé
Et j’écoutais Renaud qui étais anarchiste jusqu’au bout du perfecto
Et j’écoutais Renaud avec sa bande à lui tout seul ça fait du monde
Ça gueulait à grand coups de pompes y parait que c’était trop top
Surtout la trotskiste du troisième et sa tignasse décolorée immonde
J'avais pas fêté mes treize ans quand j’técoutais gueuler contre l’hexagone
Et me dire que si le roi des cons il serait franchement pas belge ni suisse
Que d’jà je me voyais ma gueule avec mon flingue dans ma sinistre zone
Ou aller cracher sur le drapeau et aller déverser sur les politiques ma pisse
Les poings serrés au fond de mon blouson j’me voyais fort comme un asticot
Prêt à bastonner dix lascars tatoués comme des murs du Val D’Oise
J'suis rentré en mob dans la nuit noire et obscure avec en moins trois chicots
Ils ont eu de la chance que j’leur file pas un coup de pioche ou une toise
Et j’écoutais Renaud à la sortie du bahut gaulé avec mon teeshirt et mon Blue jeans
Et moi évidemment bien sûr à l’école j’en foutais pas une
Et j’me voyais déjà sur une Harley Davidson sur la route soixante-six comme James Dean
Dans les collines dans le désert ou il fait chaud sous la lune
J'avais pas fêté mes quinze ans et, et j’lécoutais chanter sa meuf
Et son petit Pierrot qui allait débarquer, sous la plume d’une caresse
Qui allait venir voir la vie et casser sa fragile petite coquille d’œuf
Ce p’tit minot qui s’endormira sous les deux cœurs de la tendresse
Les p’tits anges sont nés des fruits de la passion et de la chanson de Johnny
Le loustic est devenu plus sage, il change les couches avec son épingle
Avec Rimbaud pour l’endormir lui conter que le soleil ne sera jamais jauni
Le loubard n’a plus la rage, derrière le troquet il a déposé son flingue
Et moi j’venais d’avoir seize ans, et sur un vinyle et les fenêtres fermée
J'écoutais le poète des banlieues, des rues et du macadam
Et toujours j’étais la tête dans la lune avec sur mon cuir des clous chromés
Au bahut j’étais un clown a moitié comme Roland Magdane
J’avais pas vingt ans que je découvris une p’tite fleur a moitié éclose
De ses yeux je ne voyais que la douceur de la rivière qui embaume
Moi qui croyais mon cœur dur comme les tiges de barbelés d’une rose
J’avais même enlevé mon sonblou pour l’emmener dans mon royaume
J'étais devenu un peu moins rebelle mais surtout toujours puceau
Pour sûr que j’ai rien dit à la donzelle mais qu’est-ce que j’avais l’air con
J'ai appris une leçon ma première faire l’amour ne rend pas plus sot
J’étais planqué sous les draps comme sous la terre nait un jeune chicon
Et là maintenant je viens de faire cinquante berges
Et à ce moment même j’écoute mon pote Renaud
J’peux crever raide sous la lune comme un cierge
Là où les presque loubards sont avec les moineaux
Là où les renards font des poèmes sur les lapins
Là où les truands boivent des menthes à l'eau
Là où Renaud flattait les femmes et les tapins
Et ce matin j’écoute Renaud qui m’fait toujours du bien, qu’il soit anarchiste, vulgaire non pas pour moi ou poète
Et ce matin j’écoute hexagone et Mistral gagnant il m’fait du bien comme quoi on peut être lascar ou alouette
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la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur ,
qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur ,
yohann