Le battage à l'ancienne...
Des charrettes jetées on étalait les gerbes
Sur une grande bâche où l’on battait le grain.
Les hommes en chemise y vaquant dans l’entrain
Ahanaient tous ensemble en mines fort superbes.
C’était de vrais gaillards aux muscles en saillie
Qui s’adonnaient au jeu de l’estival battage.
On aimait, en ces lieux, avoir pour héritage
De savoir manœuvrer dans la cour assaillie.
Les femmes, les enfants de soudaine gaîté
Animaient les abords de leur chaude gouaille.
Et même dans la cour on voyait la volaille
Picorer quelques grains sans aucune anxiété.
Ce manège joyeux de poussière encombré
Imposait à ces gens sa pénible atmosphère.
C’était pourtant l’usage en cette ancienne sphère
De supporter l’ennui dans son port fort ambré.
Le labeur terminé, car le grain à l’abri,
C’était fête à la gerbe et la botte de paille.
On y chantait, dansait en faisant bien ripaille
En sautant sans faiblir tel un follet cabri.