Elle peut me jeter sans demander pardon;
Qui suis-je pour juger l’étendue de son nom?
Quand sa beauté vacille à l’autre bout de moi,
Je n’ai plus qu’à rougir sans demander pourquoi.
L’érotisme frivole et le corps au-delà ,
Au-delà de mon sort d’être son premier choix,
Mon amie, mon amour, mon simple coup d’un soir,
Me rend fou et pourtant ce que j’aime la voir
Déhancher ses ardeurs au second train qui passe,
Comme un con sur le quai, je contemple (Ã ma place):
Va-et-vient d’un aveu aussi vite exaucé
Par la peur enrayée de voir ce train dévier.
Mais elle est toujours là , à l’autre bout de moi
Comme un fil sans laisse, elle clame ses droits
A l’autre liberté, celle qui ose écrire
Que la vie ne vaut rien sans ce droit au plaisir!
Qu’elle couche sur table en revanche aux messieurs
Qui depuis tant d’années d’un revers poussiéreux
L’obligent à lustrer le manchon conjugal
En faisant ses devoirs de manière hivernale.
Aujourd’hui c’est le feu qui brûle entre ses lèvres,
C’est l’amour de l’amour qui lui donne la fièvre;
Pour pouvoir l’embrasser d’un regard ténébreux,
Il me faut, moi aussi, souvent faire la queue.
Qu’elle est belle à tremper la plume du poète
Au profond de ses vers, ne laissant que des miettes
A tous ceux qui, hardis, désirent l’asperger
D’une encre trop jalouse, à demi censurée.
Désormais sacrée Reine en terrain ennemi,
Personne ne saurait attiédir ses envies,
Et si jamais lui vient un jour celle d’aimer
Je serai le premier à la déculotter.
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"Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser." A. R.