Mon fils,
Mon ultime point d’ancrage,
Un jour, dans ma vie, tu as jailli,
Source de joie au son cristallin.
Tes premiers pas vacillants,
Ta gentillesse en bandoulière,
L’amour comme seule arme,
Ton chemin, déjà , tu traçais,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
A l’école, les mots blessants
De professeurs méprisants,
Arrogants d’un savoir à injecter,
De force plus que de gré.
Je te sentais meurtri.
Ta gentillesse en bandoulière,
L’amour comme seule arme,
Ton chemin, malgré tous, tu traçais,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
Tant d’heures de travail acharné,
Pour ce diplôme conquérir,
Lettres gothiques sur parchemin,
Sésame, pour au final au chômage chuter.
Je te sentais désabusé.
Ta gentillesse en bandoulière,
L’amour comme seule arme,
Ton chemin, malgré tous, tu traces,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
Toi, petit prince charmant
De ta belle, chevalier servant.
Quand elle t’a laissé,
Pour elle, trop ou pas assez,
Je te sentais brisé.
Ta gentillesse en bandoulière,
Et comme seule arme l’amour,
Ton chemin, malgré tous, tu traces,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
Ancré dans ta Charente,
Poussé par le vent,
Dans ses vignes, sur ses sentiers.
Imprégné de sa douceur de vivre,
Bercé par ce fleuve tranquille,
Charmé par ses soirs d’été,
Protégé par son histoire.
Tu conduis ta barque sur le clapotis docile
De ce fleuve lent et paisible.
Je te sens solide.
Ta gentillesse en bandoulière,
L’amour comme seule arme,
Ton chemin, malgré tous, tu traces,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
Mon grand-père,
Mes idées trébuchent, errent,
Se perdent dans un autrefois.
Je n’ose, j’ai peur.
Cette cour, cette porte, je franchis.
Toi devant la cheminée,
Comme un point d’ancrage,
Un antan si présent.
Malgré la guerre et la misère,
De la vie des blessures en rafales,
Contre tous les coups du sort,
Ta gentillesse en bandoulière,
Et l’amour comme seule arme,
Ton chemin, malgré tous, tu as tracé,
Sans jamais te départir
De ton sourire.
Au nom du fils, au nom du grand-père,
Puisse ce monde
Du laisser tomber,
D’une illusoire liberté,
De faux semblant paré,
Puisse ce monde prêt à tomber,
Reconnaître ces qualités,
Sans lesquelles, il n’y a point d’humanité.