Les mortels
Y a-t-il de l’agrément, à vivre les yeux fermés
Condamné à errer à la recherche de votre identité
Armés de votre espoir sertit de naïveté
La triste réalité est que vous mourrez
Non, vous n’êtes pas l’œuvre de Dieu
Ni l’aboutissement de plusieurs réincarnations
Vous êtes le résultat de million d’années d’évolution
De l’humanité, de la vie, et de ses enjeux
Seuls les mieux adaptés ont survécus
Dans un monde hostile, Ã la merci des saisons
À l’époque ou la nature faisait la sélection
D’une main aléatoire et griffue
Ton espèce s’est élevée au dessus des animaux
Trônant au sommet de la chaîne alimentaire
Le mortel est passé de nomade à sédentaire
Comblant plus aisément ses besoins vitaux
Tu as sacrifié une partie de ta liberté
Dans le but noble et inconscient
D’assurer la survie à tes enfants
À l’intérieur du clan, devenu société
Les mâles dominants sont désormais dirigeants
Au départ, dictateurs et intransigeants
Plus tard, manipulateurs élus démocratiquement
Par des citoyens libres et intelligents
À l’insu de tes sens de mortel
Se trame un immense complot
Les années ont faites de toi un être superficiel
Ton monde fonce vers le chaos
Ton idéal de réussite a bien changé
La portée de ta vision a dramatiquement régressée
Tu te soucis plus de ton voisin et son allure
Que de la vigueur de ta progéniture
Tu as mis le pied dans ton propre piège
Tu vis sur du temps emprunté
Croyant faussement, pouvoir te rattraper
Après le départ de ton cortège
Cette façon de voir est trop pessimiste
Pour ton œil vieillissant et amère
La mort est la seule justice
Le reste n’est qu’illusion et chimères
Tu manques de respect envers tes ancêtres
Qui n’ont pas ménagés les efforts
Non pas pour ton précieux confort
Mais pour que leurs descendants puissent naîtrent
Tu n’avais pas vu les choses sous cet angle
Tu choisis ce que tu veux voir et entendre
Tu t’es perdu, comme tes rassurants amis
Dans la contemplation de ton nombril
François Dutrisac
12 mai 2005
----------------
François Dutrisac
" Il est évident que nous nous précipitons vers quelque entrainante découverte, quelque incommunicable secret dont la connaissance implique la mort" -Edgar Allan Poe