La belle et la brute.
Je décide ce modeste poème aux parents de la petite Kasserinoise égorgée après être violée par une brute d'homme.
Un agresseur qui l'a obligé à se soumettre à lui et à se plier à ses sales désirs.
La voix de cette fille me semble venir d'un monde assez lointain comme pou me dire de dénoncer vigoureusement cet acte odieux et abject à la fois et de prévenir les enfants des dangers qui les guettent pour les éviter de vivre ces douloureux expériences qui dépassent toute réalité.
Ce poème n'a pas pour objet de les faire effrayer ou effrayer le lecteur
-Père, ton embrasse est égal au mien.
" Papa, prends ma main dans la tienne
Ecoute pour une fois l'écho de mes peines.
Prends ma main et sois sage.
Ramasse mes objets, mes jouets
Mes petits coquillages.
Ramasse mes livres, mes cahiers
Mes contes de fée,
Mes photos et mes jolies images.
Prépare ma valise, je parts.
Demain c'est mon dernier voyage.
Adieu, je ne peux vous dire
J'ai perdu mon langage.
Prends ma main 'pa'
Je vais t'expliquer ce que c'est passé avant mon trépas:
Il m'a prise par la main, 'pa'
Et candide, je l'ai suivie pas à pas.
Soudain, il s'arrêta.
Me montra ses cross, se démasqua.
Et de peur, mon cœur entre mes cotes se brisa".
" Pa, je ne te cache pas
J'ai senti dans mes veines, les morsure du froid.
J'ai poussé l'ennemi dont j’étais sa proie.
' Laisse-moi, lui dis-je, laisse moi va.'
Et comme le petit Chaperon Rouge
J'apporterai chaque jour une galette pour ton repas.
C'est promis,
Parole de fille de son papa.
J'ai beau crié,
J'ai beau hurlé,
J'ai supplié sa lâcheté
Par tous les dieux,
Par tous les cieux ,
Par tous les monts et les vallées.
Par les champs des oliviers,
Par toute des bêtes de la foret.
Par les cloches et les mosquées.
Par tous les sains que je connais:
' Sidi Abid, Sidi Harrath, Sidi tlil, Ouled Aziza de la montée.'
Esseulée, désarmée, affolée,
J'ai pris mon courage à deux mains
J'ai craché sur sa gueule
Et j'ai cédé.
Sans pitié, il a creusé les yeux de ma poupée
Il l'a éventrée.
Puis, il m'a violée, oui violée.
Il a souillé ma nudité.
Il a éteint sur mon corps les roses de mes intimités.
Il a brouillé les traces de ma fierté.
Oui, il m'a violée le vaurien le raté.
Ne pleure 'pa'.
Comme prévu ce soir, je porterai ma robe de fée,
Ma montre, mon bracelet
Je mettrai mes beaux souliers
Et comme Cendrillons, j'irai danser dans les ballets
J'irai jouer avec Orphée.
' Pa', demain c'est l'Aid,
Ne me pleurer pas.
Laissez-moi dormir aux creux de vos bras.
Demain c'est l'Aid, ambassadeur de joie.
'Pa', passez par les places où j'ai joué,
où, j'ai fait mes premiers pas.
Passez les rues, où j'ai fait des courses avec toi
Passez par les chemins qui mènent à la fontaine,
Où le rossignol chantait tour à tour
Sa joie et ses peines
Passez et faites fi de peur que ça les gène.
Embrase-moi 'pa'
Je sens sur mes lèvres
Les morsures de froid.
' Bonne fête', je ne peux vous dire.
J'ai perdu ma voix...