Après une bonne averse
Sur un chemin assez étroit,
Un crabot costaud, en force
Croise un escargot traînard.
Pousse-toi de ma route
Gastéropode flemmard
Nul, mou, lent, fainéant,
T’es un mollusque banal !
Tu traines, tu baves, tu pues
T’es petit, moche et pâle,
Quand je te regarde tout nu,
Je vois qu’un petit crottin.
Sur ton dos comme un idiot
Tu portes tes fragiles pénates
Qu’avec mes féroces ciseaux
Je me ferai une jolie agape.
Admire en moi le cuirassé
Regarde bien mon sécateur,
Seul, je pourrai affronter
Le pire monstre prédateur.
Dans son délire mégalomane
Gonflé à fond comme un ballon,
Devant cet escargot faiblard
Il se prend pour un Dieu.
Pas loin dans un bosquet
Une aigrette avise la scène
Elle se dit, voilà le diner
Ce crabot me fait l’affaire.
Dans sa coquille, l’escargot
En philosophe s’avère,
-Le pauvre guerrier couillon
Ce soir, ‘’marcha de travers’’ !
Chers amis d’espèce humaine
La morale elle nous concerne,
Quand t’es grand et arrogant
Dans la lutte pour l’existence
Pas loin se trouve quelqu’un
Plus gros, fort, plus méprisant.
Pire encore, toujours guetteur
Un fableur te prend en rime
En faisant de toi victime
Un délice pour ses lecteurs.