An Mille neuf cent quarante trois
Un avion fatigué se pose
Sur une dune rose
Le pilote au casque de cuir lustré
Met pied à terre fatigué.
Soudain stupéfaction
Il entend une voix qui demande tout bas
« Monsieur, dessine moi un mouton ».
Qui peut lui parler ainsi dans ce coin là ?
Il regarde étonné l’enfant aux yeux si clairs
Et il revoit les années, en un éclair
Où dans les hauts alpages il suivait les troupeaux
Son œil s’éclaire, il sourit et sans un mot
Il prend feuille et crayon pour tracer
Un mouton mignon et frisé.
An Deux mille cinquante et un
Le jet super furtif se pose sans un bruit
Sur la dune déjà envahie par la nuit.
Le pilote descend, on dirait un robot
Scaphandre et casque brillent, il est très beau.
Soudain stupéfaction
Il entend une voix qui demande tout bas
« Monsieur, dessine moi un mouton ».
Qui peut oser lui parler, lui, ce héros de là bas
Il regarde hautain l’enfant aux yeux si clairs
Très embarrassé sans en avoir l’air
Enfant de la Silicon Valley, des labos high tech
Il n’a qu’entendu vaguement parler de moutons.
« Ah oui, je me souviens, ça coupait l’herbe » Il a tout compris
Et ce fils prodigieux de la technologie
Sur son écran digital amélioré
Dessine une tondeuse électronique autoguidée.
Le 6 octobre 2005
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Science sans conscience n'est que ruine de l'âme (Rabelais)