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     Entre mer et montagne.
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Expéditeur Conversation
hervegosse
Envoyé le :  28/10/2012 15:04
Plume de soie
Inscrit le: 20/8/2011
De: PARIS
Envois: 173
Entre mer et montagne.


Entre mer et montagne.





Entre mer et montagne, nous risquons sans cesse l'accident, en prenant des routes qui nous conduisent du rivage, d'où nous revenons, épuisés, de la pêche, pour rejoindre nos maisons, perchées beaucoup plus haut, sur les chemins, en direction des cimes enneigées. Le gel engourdit nos jambes et nos mains, brouille notre vue, glace notre visage.

Nous ne savons plus où nous sommes, entre le niveau de la mer et celui de la montagne. C'est une longue ascension, pénible, périlleuse et nous espérons toujours rentrer à la maison, sains et saufs, pour coller un baiser glacé sur la bouche de notre femme et sur les joues de nos enfants.

Nous nous efforçons de ne plus penser à tous ces voisins et amis qui ont eu un accident en rentrant chez eux. Ce sont voisins et amis que nous avons plus ou moins connus et que nous ne reverrons jamais plus.

Comme l'existence semble fragile et dérisoire, sur ce chemin, où, à la nuit noire, nous ne distinguons plus aucune trace sur la neige. L'angoisse nous saisit et nous frémissons à l'idée de nous perdre, comme dans un labyrinthe de nature, et de tomber d'épuisement, dans la neige, pour finir en cadavre, gelé sur place, trouvé au petit matin, seul, assis au bord d'un chemin.

Nous essayons toujours de marcher vite, sans trop nous essouffler, en oubliant les morsures du vent et de la neige, en restant les yeux fixés sur nos pieds, en avançant obstinément, pas à pas, sur le bon chemin, sans succomber à l'angoisse et à la panique.

Combien ont fait l'erreur de redescendre vers le rivage! Ils n'y ont trouvé personne. Ils n'ont pu s'abriter, se protéger du froid, se reposer. Ils ont erré sans savoir et sont tombés en mettant les pieds dans des crevasses qu'ils n'ont pas vues.

Nous cheminons seuls, sans que personne nous accompagne, nous oriente, nous parle et nous réconforte avec des histoires. Le découragement nous envahit et nous nous disons «A quoi bon faire continuellement ce chemin entre mer et montagne?»

Nous pensons soudain que notre existence n'a aucun sens, si ce n'est de nous faire souffrir, d'éprouver nos ressources physiques et mentales. Cette vie nous amène, jour après jour, au constat que les éléments naturels, mer et montagne, nous seront toujours hostiles. Nous nous persuadons qu'ils ne veulent pas de nous, qu'ils nous poussent à nous en aller et à succomber, un jour ou l'autre, d'un accident.

La blancheur de la neige épuise notre regard et nous ne distinguons plus rien. Elle recouvre tout le paysage, comme un linceul; rien ne bouge, ni les taillis, ni les arbres, ni les oiseaux. Pas un cri, seul, le vent violent se fait entendre dans ce silence angoissant.

Ici, c'est le centre de notre monde et nous ressentons ô combien nous y sommes malheureux. Comment ces lieux, perdus entre mer et montagne, peuvent-ils être le centre de l'espace où nous vivons?

Nous prenons conscience qu'aucune autre voie n'est possible en dehors de notre cheminement quotidien, laborieux, épuisant et cela nous effraie. Nous en venons parfois à souhaiter qu'il s'arrête là, dans un fossé, au bord du chemin. Il suffit de s'asseoir et de ne plus bouger. La neige et le gel s'occuperont de nous. Nous serons aussi calmes et inertes que ces branches de sapins, couvertes d'un épais manteau blanc. Le vent froid ne nous piquera plus le visage, nous ne sentirons plus ses morsures sur nos mains et sur nos pieds.

Entre mer et montagne, il n'y a peut-être que les choses inertes qui aient maintenant leur place. Nous le comprenons maintenant à chaque pas que nous faisons.
Hervé GOSSE


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