Une hirondelle qui venait tout juste de rentrer
D’un long voyage, d’une grande migration,
Découvrit son logis construit sous un pignon
Occupé par un importun moineau des cités.
- Hé l’ami, n’es-tu pas capable de te faire un logis
Que de me squatter tu procèdes ainsi !
Ne vois-tu pas que je suis fatiguée,
Qu’il me faut mon nid pour me reposer !
D’une mauvaise foi à nulle autre pareille,
Notre moineau ne l’entendant pas de cette oreille
Chassa l’hirondelle quémandeuse et harassée
En deux coups de bec et injures proférées.
Pas du tout habituée à de telles invectives,
Notre voyageuse devant cette attitude agressive,
Moins hargneuse que cet abominable batailleur,
Lui dit, ce n’est pas grave, j’irais voir ailleurs.
- Permettez toutefois qu’auparavant je répare
Mon nid qui semble avoir pris une allure bizarre.
Le moineau, on le sait, n’est pas des plus futés,
Mais celui-là , pour ne point se laisser attraper,
Accepta volontiers que l’hirondelle le fasse
Qu’à la seule condition qu’il resta sur place.
- Bien sûr lui dit-elle, je ne vois pas d’embarras
Et de m’y attaquer, je m’y mets de ce pas.
Aussitôt, aidée par d’autres demoiselles,
L’ouvrage se rétablit à grand renfort d’ailes,
Si vite et si bien que l’ouverture fût bouchée,
Ne laissant qu’un petit trou pour créer la clarté.
- Hé, ne partez pas si vite, leur cria le locataire,
Ouvrez-moi la porte que je descende à terre,
Car si je ne peux sortir, je ne peux donc manger
Et c’est tout juste encore si je peux respirer.
- De quoi te plains-tu, lui répondit l’hirondelle,
Tu as un nid gratuit sans ouvrir d’escarcelle,
N’es-tu donc point heureux de ce beau logement
Qui ne t’a pas coûté le moindre sou comptant !
La prochaine fois, aménage donc tout seul ton nid,
LÃ dessus, bonsoir, salue pour moi tes amis.
C’est depuis ce jour-là que de la gente aillée,
Le moineau des villes est le plus mal-aimé.
Quand du bien des autres on ne fait pas grand cas
Attendez-vous alors à pas mal de tracas.
Chibani