Chaque jour que faisait l’été,
Elle venait s’asseoir de ce coté,
A l’ombre des grands murs de glaise
Elle posait lĂ sa chaise.
Elle leur disait :
« Je vais au coin de la maison,
L’air y est toujours bon,
Ici il fait trop chaud,
Le soleil me perce le dos ! ».
Alors elle s’asseyait,
Son ouvrage déroulait,
Ses laines démêlait,
Qui feraient le chandail si gai.
Sur ses genoux elle Ă©talait
Un linge blanc un peu fané,
Qui servirait à protéger
L’ouvrage, quand il serait roulé.
Et puis doucement démarrait,
Au pull over, nouveau coté.
De son corps presque immobile,
Seules ses mains semblaient mobiles,
Et ses poignets prenaient des poses,
Comme pour se dire des quelques choses.
Quatre doigts,
Jamais tous Ă la fois,
Battaient la mesure un, deux, trois,
Happant en gestes saccadés
Le fil de laine vite mangé.
Un point à l’endroit,
Il faut qu’il n’ait pas froid,
Un point à l’envers,
Demain sera l’hiver…
A force d’unités,
La manche est achevée.
Dans le souffle d’été
De chaleurs épuisées,
Tout juste un petit bruit,
Des aiguilles cliquetis,
Qui se touchent et s’oublient,
Futile litanie.
Elle aimait ce ronron monotone,
Pourtant, bientôt l’automne,
Qui la ramènerait là -bas,
Si loin de cette vie là …
Parfois dans son silence,
Elle percevait une présence,
Alors levait les yeux,
Son regard tellement si bleu…
Ce n’était que le chien
Qui lui léchait la main,
Et venait vérifier
Qu’elle n’était pas allée…
Sur ses genoux serrés,
Sa tête il déposait,
Caresses quémandées,
Si confiant qu’il était…
Son travail elle posait,
Comme si elle revenait
De ses terres de genĂŞts
Qui noyaient ses pensées…
La crinière elle cardait,
L’animal repartait.
Sa montre elle regardait,
DĂ©jĂ Ă©tait quatre heures,
Un autre petit bonheur,
Elle allait retrouver
Les enfants pour goûter,
Peut-être un petit thé,
En tous cas des baisers…
Bruits de Vers/Françoise Pédel Picard/2010
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Françoise Pédel Picard