Les métiers dits manuels sont des plus respectables
Car sans eux nous mourrions et de froid et de faim,
Mais hélas de nos jours, il est fort regrettable
Qu'ils soient considérés avec tant de dédain.
Ayons au fond du coeur de la reconnaissance
Et pensons, Ã l'abri dans notre appartement,
A ceux qui ont lutté contre les éléments
Afin qu'un toit douillet cache nos existences.
Imaginons leurs mains, solides travailleuses,
Qui font jaillir du sol les murs de nos maisons,
Vraies mains de bâtisseurs aux jointures calleuses,
Exploitées bien souvent, méprisées sans raison.
Quels que soient leur pays, leur nationalité,
Les gars du bâtiment incarnent le courage,
Et la sueur coulant le long de leurs visages
Se mélange au ciment de la fraternité.
Si l'un d'eux par malheur choit d'un échafaudage,
Son décès ne fait pas la une des journaux,
Point de décoraration, de discours, de tapage,
Seuls quelques compagnons entourent son tombeau.
Les refrains entraînants, que leurs bouches fredonnent,
Eveillent les échos de nos vastes cités,
Quand le bâtiment va, c'est la félicité,
C'est la ruche dorée où les hommes bourdonnent
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(1997)
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L'harmonie d'un monde sans autorité et sans haine et l'harmonie poétique sont les deux formes de la Beauté.
Maurice Laisant (prix de poésie Charles Baudelaire 1967 pour son recueil Flammes)