Viens chagrin, je t’invite, faisons quelques pas.
Nous glisserons charmés par les violons du bal
Et, pendu à mon cœur, tu me prodigueras
Tes baisers langoureux qui me font tant de mal.
J’enverrai une rose, un poème d’amour,
Je t’attends au château, n’oublie pas d’accourir
Et, ceignant de douleur ton manteau de velour,
Tel un prince charmant, tu viendras me séduire.
Parmi tous les danseurs, toutes les crinolines
Qui dessinent des vagues d’écume et de vent,
Tu sauras me guider dans la nuit sibylline,
Quand la lune pâlit dans la brume d’argent.
Dans le salon glacé, quand les ombres s’étirent
Sur ma face imprégnée de sanglots ruisselants,
Je fermerai les yeux pour oublier ton rire
En serrant, dans mes doigts, ton cou de cygne blanc ;
Quand la valse mourra aux lueurs de l’aurore,
Lorsque les musiciens quitteront les remparts,
Entre les pierres nues, j’imprimerai ton corps
Et ton cœur sans faillir, y plongeant mon poignard.
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(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)