Ils arrivent juste Ă temps
Devançant le soleil qui descend,
Avec Ă la main sacs et pliants,
Et puis devant tous les petits enfants,
Qui s’éparpillent bruyamment,
Pieds nus sur le sable blanc…
Ils choisissent une bonne place,
Et commencent Ă poser des traces,
En occupant un carré d’espace
Sur cette plage de marée basse.
Ils sont venus un peu plus tard,
Et déjà le goûter les accapare.
Sorti de son papier miroir,
Ils cassent le chocolat en quartier de quart,
Et préparent les verres à boire
Pour leurs lutins qui comparent
La taille des parts distribuées,
Il faut qu’il y ait de l’équité,
Alors ils jouent les affamés,
C’est vrai que le déjeuner,
C’étaient il y a quelques heures passées…
VoilĂ , les ventres sont repus,
Mais la quiétude a disparu,
L’excitation est revenue,
Comme un ressort détendu,
A force d’être retenu.
Les enfants se sont relevés,
Ils voudraient bien aller jouer,
Là -bas au bord de l’eau salée,
Là où la grève reste mouillée.
Mais la grand-mère d’autorité
A décidé de les crèmer,
De blanc elle va les tartiner,
Qu’ils ne reviennent pas brûlés
Par les rayons chauds Ă griller.
On entend bien des protestations,
Des « tu me fais mal, fais attention »,
Quand Mamie avec détermination,
Frotte un peu trop les polissons,
Sans Ă©gard pour leurs airs bougons.
Et puis, ils peuvent enfin se rapprocher
De l’eau, aller se mouiller les pieds,
S’éclabousser,
S’asseoir, laisser les vagues les attraper,
Les plus petits ont leur bouée,
Leurs genoux sont à peine escamotés
Par les faibles remous de la marée.
Déjà , Grand-père, au loin, s’est relevé
Pour surveiller,
Rassurante tour de guet,
Qui reste un instant figée
Avant de se rallonger….
La grand-mère a sorti ses mots croisés,
Ses lunettes fumées,
Et entre deux lettres à insérer,
Lève les yeux vers sa portée,
Toujours prĂŞte Ă les appeler,
Ou à y aller….
De toute façon, ils sont installés,
À peine à trois mètres du bord,
La mer ne monte pas encore,
Un fil d’écume entache l’or
Du sable blond qui dort…
La plage se vide, insensiblement,
Ceux qui sont venus tĂ´t repartent maintenant,
Les petits ronchonnent en partant,
Et l’espace devient plus grand,
Entre les gens,
L’océan semble respirer bruyamment,
Sans doute parce que se lève un peu le vent.
Le grand père marque de son livre la page,
Il reprendra tout à l’heure ce passage,
Et descend s’essayer à la nage,
Avec les plus grands de ses petits enfants,
Cette fois-ci, il est temps,
Ils ont mangé depuis longtemps.
Quelques brasses pas trop loin du rivage,
Juste pour leur donner du courage,
Leur montrer qu’il n’y a pas d’âge…
En haut, la grand-mère a rangé son quadrillage,
Elle descend s’occuper des plus petits,
Au ras du sable, dans l’eau qui luit.
Elle leur montre les si beaux coquillages
Qu’ils ramassent pour mettre dans leurs bagages
A la fin de l’été, dans leur contre voyage.
Et les ombres se font plus longues,
Sur la mer l’onde laisse des ombres,
Les roches se font plus sombres.
Il va ĂŞtre temps de rentrer,
Les peaux de sel se sont teintées
Et le soleil les a séchées,
Les cheveux sont un peu collés,
Embrouillés,
Difficiles Ă coiffer.
En sautant sur un pied,
Il faut se rhabiller,
Les shorts et les polos enfiler,
Sans tomber…
Les enfants ramassent leurs affaires,
Trient les pierres aux reflets clairs
Qu’ils ne peuvent laisser derrière,
Essuient les coquillages couleur de lumière
Et remontent en silence,
Déjà de la mer ils ressentent l’absence….
La plage est presque dépeuplée,
Ils restent ceux qui sont lĂ Ă guetter
Les brûlures que le soleil va infliger
Au ciel, lorsqu’il ira se coucher.
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Françoise Pédel Picard
