Mon Père. (Hommage à titre posthume à mon père)
Mon père était un grand artiste
Un menuisier ébéniste
Qui Ă©gayait le bois triste
En le façonnant avec virtuosité
De ses propres mains exercées
Jusqu’à le rendre désiré
Mon père était l’ami et le confident du bois
Il l’avait toujours aligné au même titre qu’un roi
Par rapport aux autres matériaux dépourvus de fragrance
Et qui ne pouvaient en aucun cas lui tenir concurrence
Il Ă©tait tout joyeux en le livrant Ă ses nouveaux sujets
Pour qu’il inonde de chaleur leurs demeures
Tant qu’ils l’entretiendront de gaieté de cœur
Tant qu’à la moisissure ils ne l’auront pas abandonné
Mon père avait malgré lui vécu dans un logement de fonction
Et rêvait toujours de posséder sa propre habitation
Mais il n’avait pas réussi à épargner suffisamment d’argent
Le peu qu’il économisait difficilement à chacun de ses bilans
Était destiné aux frais de mariage de chacun de ses dix enfants
Devenu âgé et sentant sa mort prochaine avec empressement
Il déploya sans relâche et sans repos tout son savoir faire
En bâtissant sa propre demeure qu’était cette magnifique bière
Façonnée dans l’acajou avec passion et virtuosité
Jusqu’à être de joie et de bonheur enchanté
Malheureusement la fatalité avait décidé qu’il en soit autrement
Qu’il devait quitter la terre à partir d’un logement de fonction
Et non à partir de sa bière réquisitionnée contre son gré par un autoritaire
Pour y déposer le corps putréfié d’un grand révolutionnaire
Attristé par l’absence forcée de son ami et confident le bois
Qui l’avait durant toute sa vie égayé maintes et une fois
ExceptĂ© le jour de son rendez-vous avec l’au-delĂ
En tant qu’artiste complètement annihilé il trépassa
C’était ça mon père
Le modeste et élémentaire
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Celui qui éprouve du dégoût pour un arbre, ne doit pas profiter de son ombre.