CHOC DE L’OUBLI…
…Je finis par l’oublier
Celle qui fut mon inspiratrice
Elle a fuit mon espace ouvert
Pour s’envoler de ses propres ailes
J’ai fini par l’oublier doucement…
Et j’essaie de l’effacer de ma mémoire
Je brûle dans le silence tous ses écrits
Dans l’âtre les cendres se sont refroidies
Plus de lettre, plus d’images poétiques
Plus de photos, plus de portraits…
Tout semble s’évanouir comme la nuit
Qui couvre la lumière de son terne manteau
Et je respire ce vent qui souffle du large
Du choc j’ensevelis le reste des écrits
Je retourne sillonner les artères de la ville
Des fois je m’en vais fouler la campagne
Rejoindre mes amis les plus solitaires
Reprendre mon vieux siège abandonné
Faire des retouches pour mes visions
Le lac appelle mes yeux longtemps assombris
Mes oiseaux réclament mon imminent retour
Et nous chantons à l’unisson l’ancien refrain
Nous célébrons ensemble cette nouvelle guérison
Et je laisse de côté ma profonde errance
Il est temps de revoir mon ancien havre
Réintégrer ma demeure esseulée, mes livres
Relire les mille passages encore en instance
Réapprendre à écrire de nouveaux versets
Combler le vide par d’autres prospectives
Par l’exploration des zones mouvantes de l’ombre…
Je m’éloigne en enlaçant les murs de la cité
Redonne à mes doigts la sensation du toucher
Suivre les aspérités rugueuses et s’en imprégner
Je regagne le refuge de mes mots isolés
Pour oublier cette dame de l’autre… contrée
Qui de l’autre rive vient de disparaître…
Une voix qui s’éteint laisse l’empreinte vivante
Quelque part à une autre qui vient de naître
Nous marchons, rapprochés, bras dessus, bras dessous
Nos corps en harmonie comme le sont nos cœurs
L’une vient de mourir, l’autre est déjà lÃ
Ses yeux immensément clairs et souriants
M’invitent à l’embarquement vers un autre… port
© Kacem loubay
Mardi 11 Décembre 2001
Kh énifra / Maroc
loubay_k@yahoo.frLe poète de l’autre rive