Qu'il ne sache rien de mes écarts intérieurs, de mes tourbillons, des spirales et des noeuds formés sous mon crâne, rien !
L'air du soir résonne de ces mots clauques, clauque comme la colère qui m'emprisonne et m'étouffe.
Mes pieds en rythme frappent l'asphalte, ce n'est pas encore l'apaisement, mais une chorégraphie spontanée, profondément conflictuelle, offerte au sombre de la nuit.
Non, non et non ,Cher Monsieur, vous n'aurez pas le plaisir de me voir dans le dénuement de la douleur.
Non, votre amour ne sera pas le seul, l'unique, celui qui me fit progresser, puisque vous l'avez tué délibérément par vos mensonges.
Je serai le phoenix qui renait de ses centres. Seuls, dans ma mémoire, telle une poussière d'or, se déposeront les bons moments d'un couple avançant ensemble dans la transparence d'un avenir commun.
Non, je ne suis plus votre chose, je ne suis plus malade.
D'ailleurs, l'amour n'est pas une maladie, c'est d'abord un étât, puis un fait, dont on se libère si on se distancie de ses propres émotions.
Mes pas inconsciemment et inéluctablement me mènent vers les flon-flons du dancing
- lieu de nos anciens et sempiternels rendez-vous-
Un pas, deux pas, trois pas.... Programmée tel un robot, je marche....
Dieu ! Que la lune est belle, parée telle une mariée, de sa constellation d'étoiles.
Je marche... Tu marches... Il marche... Nous marchons. A chacun son but, à chacun sa destinée, à chacun ses secrets, sa solitude.
A cet instant, techniquement tout était clair !
Psychologiquement, non ! Psychologiquement, rien n'est jamais clair, mais techniquement, si.
Le corps ne serait-il pas qu'une simple envelopppe au service de l'esprit qui progresse, transgresse sans complaisance ? Grave question existencielle.
Soudain, une main se pose sur mon épaule, je sursaute.
- Chérie ! Toi, ! Ici ?
Devant son large sourire d'ange innocent, éclairé d'une étincelante rangée de dents dignes d'une publicité dentifrice : GRANDE LESSIVE?!?! ... Page blanche ! Tout s'efface... Je flotte... Je suis à nouveau dans les lymbes...
ET...
Adieu ma noire colère !
Adieu mes grandes réflexions phylosophiques !
L'histoire est de nouveau sylphide et transparente.
Je lui rends son sourire...
Gris de bonheur, deux corps enlacés entre au "Dancing star"
D'ailleurs...
Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc.
Il demeure toujours un peu de blanc dans le noir, et une pointe de noir dans le blanc.
Rien n'est jamais tout écrit ou tout dit. Tout se réinvente à l'infini.
Anouk
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