Les jumeaux...hommage aux disparus du dancing "Le Cinq-Sept" Ă Saint-Laurent-Du-Pont (Isere) en 1970
Patrick et Sandra sont des jumeaux,
Jeunes, inséparables, insouciant et beaux.
L’un sans l’autre, ils sont perdus et désœuvrés,
Aucune force au monde ne peut les séparer
Ce jour là , ils viennent d’avoir dix huit printemps.
Bien entendu, avec l’accord de leurs parents,
Ils veulent les fĂŞter dans une boite de nuit,
Qui pour la première fois, leur autorise une sortie.
Patrick, l’aîné a juré à papa et maman
De veiller sur sa sœur comme à son enfant,
De la protéger et de ne jamais lui lâcher la main.
Ils peuvent compter sur lui, comme ange gardien,
Après moûltes embrassades et recommandations,
Quelques kilomètres en voiture, ils arrivent à destination
Ils font la queue et payent leur place,
Entrent et découvrent ce palais de glaces.
Ils Ă©carquillent leurs yeux et sont Ă©bahis,
C’est la première fois qu’ils voient ça de leur vie.
Sur la piste des centaines de personnes déchaînées
Dansent au son d’un orchestre idéalement survolté.
Cadencés par des spots et des lumières multicolores
De cette ambiance lĂ , on en veut encore.
Après s’être installés dans un petit recoin
Ne se lâchant pas et se tenant toujours la main,
Ils décident eux aussi de participer avec frénésie
Car ils sont venus pour savourer la vie.
Au rythme de cette superbe musique effrénée,
Ils profitent au maximum de cette soirée.
Rapidement de la tĂŞte aux pieds, ils sont en nage
Ils sont heureux, cela se lit sur leur visage.
Mais bientĂ´t, le destin se met en travers de leur chemin
Par l’intermédiaire d’un court-circuit anodin.
Rapidement, une fumée noire envahit la salle
Quelqu’un crie au feu et tout le monde s’emballe
Coincés aux entrées c’est l’affolement général
La panique est là , ça devient viscéral
La fĂŞte si belle, tourne alors au drame
Avec des cris d’effroi et des larmes
Les gens terrorisés, s’agglutinent aux tourniquets
Beaucoup meurent asphyxiés par la poussée,
Ecrasés par la meute affolée de derrière
D’autres sont piétinés parce que tombés à terre
Pendant qu’à l’intérieur les flammes vociférantes
Trouvant en la matière une alliée prépondérante
Avancent et gagnent du terrain systématique
Faisant fondre le plafond fait de matière plastique.
Patrick et Sandra, un instant, se sont trouvés séparés
Poussées par la foule, chacun de leur côté.
La sortie se trouve Ă quelques pas de lui,
Il pourrait s’en aller, mais seul le lâche fuit.
Il pense à sa sœur et dans un effort surhumain
S’extirpe de la foule et rebrousse son chemin
Malgré l’épaisse fumée noire et les coins sombres
De ses yeux qui pleurent, il scrute la pénombre
Sa seule idée en tête, c’est de retrouver Sandra,
De pouvoir l’attraper pour la sortir de là .
Il fouille, fouille encore et enfin l’aperçoit
Il crie, elle se retourne et l’entrevoit
Dans un élan commun en pleurant, ils s’enlacent,
Tout content de se retrouver, ils s’embrassent
Leur joie immense sera de courte durée
Ils savent que par les flammes ils sont cernés.
Alors ils s’étreignent très, très, très fort
Résignés et impassibles, ils attendent la mort,
En s’asseyant devant l’estrade de l’orchestre
Cette mort qui va venir prendre leur vie terrestre.
Ils sentent que la chair petit Ă petit se consume
Dans d’atroces souffrances, leur vie se résume
Seulement à une seule soirée, à une simple nuit.
Ils crient, mais ils savent que cette fois c’est fini.
Quand les secours retirent de dessous les parpaings
Recroquevillés, enlacés et se tenant par la main
Les corps complètement carbonisés de ces deux enfants,
Ils ne pouvaient deviner que Patrick, bon enfant,
Avait tenu, au péril de sa vie, la parole donnée à ses parents.
PaTouille
Poème inspiré par un fait divers qui m'avait énormément touché à l'âge de 16 ans surtout cette triste histoire de ces deux jumeaux...ce jour là 149 personnes périrent dans cet incendie
