Je me souviens de ce voyage,
La joie de mes vingt ans, les rivages,
Les ponts étroits et les lacs de pétrole.
Je me souviens d’un âge
Où l’on se moquait de l’école.

Nous fuyions les ruisseaux sages.
Le monde se terminait par une plage.
Et nous regardions le soleil sur l’écume,
L’éclat de son naufrage
Qui blêmissait dans la brume.

L’écho des chants des mages
Qui forçaient ton rire à trop de rage
S’est achevé dans le roulis des courants.
Derrière tous les ravages
D’une terre si loin des océans.

Une épave dans les parages
Du navire qui cherchait son sillage
Balançait lentement devant nos yeux
Et nous quittions la cage
De ceux qui se croient heureux.

Je te dessinais des nuages
Alors qu’un embrun sur ton visage
Avait jeté une larme qui ruisselait d’or
Au fin fond de ton corsage
Où je cherchais en vain l’aurore.

Nous n’étions plus les otages
D’un sol meurtrit par les labourages
Où gisent des églises sur des tombeaux.
Nous voguions si volages
Portés sur les flots sans oripeaux.

L’éternité a fixé ce mirage:
Un désert de vagues au pied d’un orage
Entre les poissons. Entre les eaux profondes
Je te disais: « vas, nages! »
Et tu t’éloignais pour une seconde.

T’étais née d’un coquillage
Sur le sourire d’un ange tombé au large
Je riais de te voir en t’oubliant de toi-même,
Et que coulait ton maquillage
Je t’aimais et tu disais : « je t’aime ».

Merci pour le partage de ces radieux souvenirs que tu nous décrit avec beaucoup d'élégance et de sensibilité.
HONORE

Beau poème d'amour ! On entend clairement la mer qui chante ses romances.

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"Je est un autre."
Arthur Rimbaud