Au réveil de ces nuits qui séparaient son âme
De son corps bafoué dans les torrents de larmes
De ces amours brutales qu’elle devait subir
Sans plaisir car sa vie jour et nuit c’est souffrir,
Elle est là chaque jour au matin dans ma rue,
Nymphe squelettique dans la lumière crue.
Les ciments de la ville ont délavé ses yeux
Qui croisent sans les voir les lycéens joyeux.
Son réconfort loin des caresses maternelles
C’est de trouver pitance au parfum de poubelle,
Sa confiture une barquette de ketchup,
Ses croissants ce seront des frites déjà rances.
C’était à peine hier, les copains et les danses !
Ca lui parait un siècle qu’elle n’est plus pin’up…
Ses treillis dechirés ne suivent pas la mode,
Comme son cœur d’enfant les trottoirs les érodent.
Les soleils des étés, les givres des hivers
Creusent sous ses grands yeux chaque année dix années
Et ses bras balafrés sont comme un livre ouvert
Dont la fin ne vient pas dans cette vie gâchée.
Un jour elle ne passera plus dans notre rue
A qui manquera-t-elle ? ou s’en apercevra
Quand elle ira crever pour le plaisir des rats
Dans un caniveau glauque au parfum de morue.

Bienvenue à toi qui sais si bien nous décrire la souffrance de ces êtres et leur déchéance contre laquelle nous sommes incapables de réagir avec efficacité.
HONORE

C'est le texte le plus sous-estimé de tout le concours je crois. Si je peux me permettre un conseil: pour avoir plus d'audience, tu devrais travailler le titre, histoire que les gens ne se doutent pas du contenu, car ils ne se dirigeront pas d'eux même vers quelque-chose qui pourrait les faire réfléchir.

c'est vraiment bien ton truc.