Pardonnez-moi mon père parce que j’ai beaucoup bêché !
J’ai bêché en bêcheur manquant d’humilité
Et cultivé parfois des mots vides de sens
Aux parterres de l’ironie j’ai pu blesser
Quelqu’un ou quelqu’une froissée
Au papier de mes vers
Au revers des gros mots
J’ai jardiné la chair entre mes mains arides
Et labouré l’ennui ne récoltant que dalle
J’ai confessé des confettis désuets
Lancés par poignées aux yeux
Aux oreilles des gens
J’avoue avoir fessé les mots
Avec la plume morale de mon Ă©criture
De vide en vide j’ai vidé mes vieux rêves
De vide en vide quitter toutes sortes de croyances
Comme une envie pressante
Comme un désir présent
Comme un présent tout simple
Dans votre présence
Je me confesse Ă vous amis
Ă€ vous les arbres et pierres
Animaux et fleurettes des champs
D’avoir papillonné de tout papillonnant de rien
Partout de tout temps en tous lieux
Main sur le cœur
Le regard aux Ă©toiles
Je confesse mes plaintes
Mes critiques et jugements
Ne me blâmez pas trop
Je ne suis pas humain
J’ai de l’ange un peu d’ailes
Le bon fond du démon
Sans crainte du jugement je me confie Ă vous
Au pied de cette page au gré de l’espérance
Au signe de la croix à la croisée des routes
En la profondeur de mes nuits
Je me confesse Ă vous
Mes frères mes amis
En grandes pompes
En mettant les bouchées doubles
Des fleurs aux fusils
Des sourires aux enfants
Des Ă©tincelles aux pupilles des yeux
Du sentiment aux arcs en cieux
Entre les gris nuages des couleurs sur la toile
Et du bonheur au travers de nos draps
J’avoue avoir porté des couronnes de peurs
À gorge nouée tout autour de mon cou
À la frange des eaux j’ai semé quelques vents
Ă€ fleur de regards comme des sables mouvants
Avec mes images Ă faire trembler la lune
Moissonnant des marées de larmes et d’amertume
J’ai bêché les pendules pour arrêter le temps
Et remué ciel et terre pour avoir quelques
Mètres d’espaces insaisissables
Mais tout file ici-bas comme le sable en nos doigts
Bien trop fin bien trop nu bien trop nul
J’expose avec franchise ces fautes qui me lestent
Les erreurs de ma vie sont des ailes pour le vent
Je confesse mes rĂŞves de gloire et mes Ă©checs
Voulant ĂŞtre reconnu Ă tout prix
Je confesse devant vous mes ambitions sans mesure
Mes soifs de savoir d’avoir et de pouvoir
Je déclare mon péché au mur blanc des falaises
Que la craie retranscrive mon aveu à la grève
De rives en naufrages j’ai bêché les grands fonds
Là où ne pousse que l’ombre de nous-mêmes
Je n’ai pas aimé assez et ça c’est un problème
J’ai ri aux éclats pour faire fuir mes fantômes
Je ferai pénitence en dansant d’aventure
Aux prés de verts chemins aux nids de la nature
Glorifiant la bonté la beauté et la vie
Rendant grâces pour grâces et cadeaux
À la Terre qui se donne et m’accueille
Que votre absolution soit totale et parfaite
Ou qu’elle ne soit pas qu’importent les nuages
Peu importe le regard que vous portez sur moi
Seul compte l’amour que je bêche sans cesse
Ă€ grands coups de binette avec mes ongles nus
Consciemment sans vergogne
Avec persévérance fidélité
J’ai biné l’espérance et la confiance aussi
Et du désir sarclé des jardins de mon Père
J’ai vu jaillir des sources en des roches solides
Au potager des poèmes
J’ai creusé le passé pour gratter l’avenir
Vivant dans le présent
Les traces de l’épreuve à l’épreuve des ans
Que la houe du partage et la bĂŞche de paix
M’aide à creuser les questions qui m’habitent
Les doutes et les tracas
Face Ă l'Ĺ“uvre du temps
Je rachète mes péchés en faisant pénitence
Devant la feuille blanche
Que celui qui est sans péché me jette la première bière
Que puissent fermenter Ă chopes fraternelles
Avec l'orge germé l’amour et l’attention
La réelle rencontre à l’ouche
D'une éternelle amitié .
Après-propos : Entre nous deux, dans le secret du PConfessionnal.
Entre le divan et le prie-Dieu, ce lieu discret, serait-il une sorte de machine à voyager dans l’espace-temps ? À voyager de jour, de nuit, en train, à pied, de pardon en pardon, de causes en grâces, pour parvenir au bout du chemin à chanter miséricorde, à louer la vie pour la vie, jusqu’aux frontières de soi au seuil des étoiles. Entrer, s'agenouiller dans un confessionnal, c’est se tourner vers soi-même, de l'intime à l’ultime de soi, pour accueillir la vie abondante qui nous est donnée.
La grille du confessionnal serait-elle en fait une trame de notre existence, une fenêtre donnant sur l’infini ? Je le crois vraiment !
En fin de compte, ce banal isoloir, serait-il le lieu déguisé de boiserie, d’un extraordinaire mystère où l’on peut s’ouvrir à une rencontre réelle avec soi-même et les autres; une sorte d’armoire magique ou règne une présence si puissante qu’elle permet d'y distiller l’amour, quelque soient nos blessures et notre histoire.
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La Mèr est cet espace sémantique, public (La Mer offerte à tous les regards) et Privé (La Mère, Matrice originelle, porteuse de toute grâce), entre Ciel et Terre, lieu symbolique et sacré, Lieu de tous les manques et de tous les espoirs.
