Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
181 utilisateur(s) en ligne (dont 151 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 0
Invité(s): 181

plus...
Choisissez
IMG_0040.JPG
Hébergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     La nuit du grand amour
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
awaliw
Envoyé le :  10/4/2009 11:25
Plume de platine
Inscrit le: 2/4/2009
De:
Envois: 3448
La nuit du grand amour
III) La nuit du grand amour





Être ne dure qu’un seul instant
Samuel Beckett












Sous l’ombre du silence pesant qui envahissait les cœurs, le poème était comme figé. Il présentait un visage des plus tristes. Il voyait avec amertume, ses vers qui se disloquaient ; ses mots qui s’évaporaient, ses rimes qui mouraient, sa structure qui se désintégrait.

Sèches sont devenues les pousses de la méditation. Rabougris sont devenus les arbres de la réflexion. Les esprits par peur ou par résignation sont rentrés dans leurs coquilles. L’homme n’a plus droit de dire, ni de réfléchir et encore moins de prédire. Pour cela les dieux veillaient à ce qu’aucun aède n’approche les sentiers de la parole. Leurs acolytes, toujours à l’affut, chassaient quiconque outrepasse cette loi désormais admise par tous.

Sur le bord de la route, l’arbre était horrifié. Son visage était blême. Il voyait ses feuilles tomber une à une. Ses branches s’assécher l’une après l’autre. Ses racines périr au fur et à mesure. Sa fierté déclinait un profil bas.

La sève nourricière s’est tarie. La terre devenue stérile n’avait plus rien à offrir. La lumière pale du soleil ne lui était plus d’aucun secours. La vie le fuyait comme la joie qui fuyait les chaumières des hommes. Désormais seuls certains dieux ont droit à la verdure. Quiconque aspire, ne serais ce que dans ses rêves, à pareil privilège risquait la damnation.

Du haut de sa crête, la montagne tremblait. Elle voyait la plaine devenue aride, livrée aux ravages des vents néfastes. Elle voyait le sable de l’anéantissement qui se déposait de plus en plus à ses pieds. Toute majesté s’est fondue en elle. Ses larmes asséchées, n’alimentaient plus ses rigoles qui donnaient vigueur aux sources de la joie.
Les hauteurs ne sont plus l’apanage du premier venu. Ne survolent les airs que des dieux puissants, et de surcroit arrogants. Les ailes de la vanité peuvent les transporter loin dans le firmament de leur orgueil. Quiconque ose se dresser contre leurs diktats, risquait les pires des supplices.
Sur sa mer troublée, la vague voyait, apeurée, les plages de plus en plus désertes. Pour qui va-t-elle se livrer à son fol ballet ? Pour quels yeux allait-elle danser ? Résignée, elle se laissa fracasser sur les rochers, et dans un dernier regard, elle vit ses gouttelettes mourir dans l’uniformité fade, d’une mer désormais soumise.

Dorénavant, l’action n’est plus du ressort de la nature. Des dieux cyniques ont décidé autrement. Gonflés par leur outrecuidance, ils ont changé la rotation de la terre, aidés en cela par quelques serviteurs zélés, serviles et corvéables à souhait.





L’homme qui venait du passé, n’arrivait plus à reconnaitre les lieux où jadis ses pas l’avaient amené à la rencontre des hommes et des femmes. Bouleversé par tant de changements, il n’arrivait pas à comprendre ce qui s’est passé durant sa longue absence.

Depuis son retour à ce jour, il n’avait pu rencontrer aucun homme ni aucune femme. Ses yeux n’ont vu aucune prairie, aucune forêt, aucun animal, aucune montagne. Seul l’aridité des paysages, et la désolation du vide s’offraient à lui.

Mais que s’est –il donc passé durant son absence ?

Levant les yeux vers ciel, il fut tout étonné de voir l’hésitation du soleil à briller, comme il avait l’habitude de le faire. Langeant la côte, il fut horrifié de voir la mer amorphe sans aucune vigueur. Contemplant la montagne, il fut outré de la voir plier sous le fardeau de l’humiliation.

Mais que s’est-il donc passé durant son absence ?

Serait-il le seul être vivant à marcher sur terre ? Mais quelle est donc cette malédiction qui à frappé les êtres et les éléments de la natures ?


Perplexe, il s’était laissé adosser à un rocher, afin de réfléchir à la situation insolite qui s’offrait à lui. Mais à peine avait –il fermé les yeux que les voix des cailloux tout alentours se mirent à crier :

- Lève-toi de là, tu n’as pas droit de t’adosser sur nous. Lève-toi tu ne sais pas ce que tu risques !

Éberlué, l’homme regarda, les pierres qui lui parlaient dans un langage humain, sans vraiment comprendre le sens de leurs paroles. Mais il finit, tout de même, par se lever, et continua sa route de plus en plus hébété.

Tout est vraiment étrange dans cette contrée, se disait-il. Gagné par la soif il vit un étang devant lui, il marcha alors droit vers lui, mais quand il a voulu se pencher pour boire, les gouttelettes d’eau se rebiffèrent et lui dire :

- Va, homme, tu n’a pas droit de boire de notre eau !va sinon tu ne sais pas ce que tu risques !

L’homme du passé, ne sut plus à quel saint se vouer. D’extravagance en extravagance, son entendement fut vite dépassé ! Mais que signifie tout cela, pourquoi les éléments de la nature lui interdisaient-ils de s’approcher d’eux ? De quelle malédiction relève donc ce pays ?

L’inquiétude avait commencé par gagner son cœur !
Il erra ainsi pendant deux jours sans boire ni manger, jusqu'à épuisement de ses forces. Livré à lui même, sans amis et sans aide, il se laissa tomber prés d’une petite clairière et s’abandonna au sommeil.
A son réveil, il fut tout étonné de se trouver dans une grotte, couché sur une natte. Prés de lui se tenait une belle et radieuse jeune femme.
- Bonjour lui dit-elle, des qu’il eu ouvert les yeux.
- Bonjour ! ou suis-je s’il te plait.
- Dans un endroit sur. Tu n’a rien à craindre pour le moment. Tu as faim ?
- Oui. Je mangerais bien quelque chose.
- Je vais te préparer cela.
- Merci

La jeune femme, le quitta un moment, puis quand elle fut revenue, elle tenait, dans ses bras, un plateau remplis de nourritures diverses. Elle s’était assise prés de lui. Ils mangèrent ainsi en silence. Ce n’est qu’une fois rassasiés, qu’il lui, posa enfin la question qui lui brûlait tant les lèvres :

- Comment se fait-il que tu vis dans une grotte ?
- Tous les humains vivent dans des grottes.
- Mais pourquoi ?
- On n’a pas le choix. Depuis que la colère du ciel s’est abattue sur la terre, c’est le seul refuge qui nous reste.
- De quelle colère parles-tu ?
- Il me semble que tu as eu déjà un avant gout de cela. Aucune vie n’est possible en dehors de certains ilots comme celui dans lequel on se trouve.
- Explique-moi ce qui s’est réellement passé !

Alors la jeune femme, lui parla de ce jour maudit, ou les supra-hommes guidés par leur folie, on voulu assoir leur domination sur le reste des humains.
Ils affirmèrent que sur terre, existe une patrie plus sacrée que toutes les autres patries, et que les dieux ont exigé à ce que cette contrée leur soit rendue, étant bien évidement le seul peuple digne d’hériter d’elle.

A partir de ce jour des guerres meurtrières éclatèrent entre les supra et le reste des humains. Ces guerres et ces troubles durèrent des siècles et des siècles. Sans qu’aucun vainqueur ne se dégage.

Le mal s’était répandu partout. Des jours et des nuits durant les rivières et les fleuves ne faisaient que couler du sang. C’était comme si c’était la terre qui saignait de partout.

Au fil des ans, les pluies se firent de plus en plus rares. On vit alors le désert manger toutes les terres fertiles, les forêts bruler les unes après les autres. Tout devenait hostile. C’est comme si la nature voulait se venger de ces hommes qui la malmenait sans aucun ménagement.




Aujourd’hui, toute la terre est sous le choc. Plus aucune rivière ne veut altérer la soif des hommes. Plus aucun arbre ne veut prodiguer son ombre. Plus aucune montagne ne veut les protéger, plus aucune parcelle ne veut les nourrir.

Étonné et bouleversé par ce qu’il vient d‘entendre, il lui dit :

- Est-ce pour cela que les rochers ont refusé que je m’adosse à eux ? Est ce pour cela que la rivière a refusé d’étancher ma soif ?
- Oui !
- Mais alors pourquoi il n’en est pas de même dans ce lieu où on se trouve ?
- Il existe encore sur terre, des ilots épargnés par la catastrophe. Mais jusqu'à quand ? nul ne le sait.
- Dans mon temps, la vie était agréable sur terre. Les hommes vivaient dans l’entente. Le bonheur et la paix régnaient sur le monde. Chaque peuple avait son territoire. On mangeait à notre faim. Et personne ne songeait à s’accaparer des biens des autres, encore moins à les dominer.
- Je sais cela, les anciens nous entretenaient sur cette époque bénie. Mais pour nous il ne s’agit là que d’un mythe, car bien évidemment cette époque n’a existé que dans certains esprits rêveurs.
- Ce n’est pas un mythe, cette époque à bel et bien existée, puisque c’est d’elle que je viens !
- Si c’est le cas, tu dois me montrer le chemin qui mène vers elle.
- Je pourrais t’y conduire, mais avant tout il faut sauver la terre et les hommes.
- Sauver la terre ? comment et pourquoi ?
- La sauver pour que la vie reprenne ses droits. Pour que tous les êtres vivants puissent y vivre dans l’harmonie et l’entente. Il faut absolument réconcilier les hommes avec la nature.
- Mais par quels moyens et comment y parviendrons-nous ?
- C’est à nous de réfléchir. On est deux à pouvoir le faire alors faisant le.

Debout devants la grotte, la femme à ses côtés, l’homme du passé huma l’air frais qui s’offrait à lui, son cœur avait frémi immédiatement. C’est que rien n’est perdu, se disait-il, puisque les ingrédients du renouveau sont toujours présents dans l’atmosphère. Ce qui lui semblait auparavant utopique, devenait soudain réalisable. Il suffit de juste savoir s’y prendre.
Conscient qu’il ne servait à rien d’attendre plus longtemps, il secoua sa nouvelle compagne et lui demanda de le suivre.

- Où irons-nous, lui demandait-elle ?
- Nous irons vers les cœurs des hommes, et nous flirteront avec l’âme de la vie.
- Tes paroles sont énigmatiques !
- Tout s’éclaircira quand nous seront enfin arrivé à destination.
- Par où irons-nous ?
- Par le seul sentier possible, celui qu’emprunte les veines de la terre !



Sans plus tarder, l’homme et la femme se mirent à marcher, d’un pas furtif, vers ce qui semblait être une mission impossible. Ils marchèrent ainsi jours et nuits, jusqu'à au moment où ils arrivèrent à la limite de la zone vivable.

L’homme du passé, se mit alors à regarder dans tous les sens, comme s’il recherchait un signe quelconque sur le sol. Son manège dura de longues heures, et tandis que l’impatience gagnait déjà le cœur de sa nouvelle amie, lui infatigable continuait à scruter chaque once de terre. Ce n’est qu’à l’approche du coucher du pâle soleil dans le ciel, qu’enfin il se retourna vers sa compagne pour lui dire :
- Enfin j’ai trouvé ce que je cherchais !
- Mais que cherchais- tu donc ?
- Les veines de la terre. Là où circule la sève de la vie.
- Montre la moi cette veine !
- Approche, là regarde, ce léger sillon enfouie dans le sol, tu le vois ?
- Ce n’est qu’une rigole asséchée !
- En apparence, oui, mais écoute le bruit qui coule en elle !
-
Elle se coucha sur la rigole, et prêta l’oreille, grand fut son étonnement quand elle entendit sortir du court de la rigole une douce berceuse.
- Cela fait des siècles qu’on n’a pas entendu un son pareil !
- Cela s’appelle une chanson. A mon époque, toutes les mères chantaient une berceuse à leurs enfants.
- C’est beau, l’air d’une berceuse !
- Oui, grâce à toi on va les faire renaitre toutes ces berceuses enfouies dans le cœur de notre unique mère à tous : cette belle terre ! maintenant il ne nous reste qu’à suivre ce chemin, et tacher de ne pas nous en éloigner pour tout ressusciter.


Avant de reprendre la marche, l’homme du passé, prit dans son sac des grains d’un aspect étrange, les donna à son amie et lui demanda d’en semer un chaque sept pas.
- De quoi s’agit-il ? lui demanda-t-elle.
- Ce sont des grains de réminiscence ! c’est d’eux que germera le bonheur futur.

Il reprit alors la marche, derrière lui la femme suivait ses traces tout en semant les grains de l’espoir, tel que le lui avait recommandé son compagnon.
Il leur avait fallu sept jours de marche, pour achever tout le travail qu’ils se sont fixé. Une fois tous les grains semés, ils se regardèrent satisfaits, ils se donnèrent un peu de répit pour récupérer quelques forces, et ce n’est qu’une fois bien reposés, que la femme osa lui demander :
- Et maintenant, qu’allons-nous faire ?
- Il nous faut trouver la source d’où jaillit l’eau de la résurrection.
- Et où peut-on trouver cette source ?
- Pour la trouver, il faut savoir reconnaitre les signes indicateurs. Regarde par là, vers l’est, on ne sent aucune humidité dans l’air qui nous parvient. Par contre, si tu sais bien sentir, tu pourrais te rendre vite compte que du nord, les prémices d’une certaine fraicheur sont indéniablement présentes. c’est donc dans cette direction qu’il nous faudra aller.
- Tu as raison, je n’ai pas fait attention à cela.




Aussitôt leur décision prise, l’homme et la femme se mirent en route. Plus ils avançaient vers le nord, plus l’air devenait frais. Cela les encourageait à toujours aller de l’avant. Les routes qu’ils empruntaient étaient sinueuses et se dressaient comme des obstacles devant leur quête, comme si les forces du mal voulaient les faire échouer. Mais c’était sans compter sur la détermination de l’homme du passé et de sa compagne.

Serein et sur de lui, il lui indiquait à chaque fois, le sentier à suivre. La plus part du temps ils marchaient en silence. Rares sont les fois où ils s‘accordèrent du répit. Au bout de quelques jours ils arrivèrent enfin vers un endroit où plusieurs voies s’offraient à eux. Perplexes, et hésitants, ils restèrent un bon moment à contempler tous ces chemins sans savoir lequel il fallait suivre. La femme questionna encore une fois son compagnon
- Lequel est le bon chemin ?
- C’est la question que je me pose moi aussi.
- Que faire alors ? aller au hasard ?
- Non, il faut attendre les signes. Pour réussir dans notre entreprise, il faut toujours savoir être patient mais surtout être en harmonie avec la nature, pour que celle-ci daigne bien nous indiquer le bon chemin.
- Donc, il nous faut attendre que celle-ci nous donne un signe ?
- Ne pas attendre, mais agir, tout en étant à l’écoute des soubresauts de l’univers.





Ayant dit cela, il s’éloigna d’elle, et se dirigea vers un arbre qui, quoique sec et rabougri, paraissait toujours posséder un soupçon de vie en lui. Il s’allongea alors au niveau de son pied, et se mis écouter les bruits qui pouvaient lui parvenir de ses racines. Il resta ainsi un bon moment, puis quand il s’était relevé un sourire s’était affiché sur son visage. Ayant remarqué le changement dans le visage de son ami, la femme l’interpella aussitôt :

- Tu as reçu un signe ?
- Tu n’as qu’à venir écouter le chant qui circule dans les veines de ce vieil arbre.

La femme imita à son tour l’homme et elle fut aussitôt étonnée d’entendre le clapotis de l’eau qui résonnait d’entre les entrailles de la plante. Elle en fut tout excitée !

- C’est de l’eau ! c’est le bruit de l’eau qui chante en lui.
- Exactement ma chère ! et si tu as bien écouté, tu aurais pu te rendre compte que l’eau vient du côté des montagnes qu’on voit là bas vers l’horizon.
- Donc c’est vers elles, que nous allons nous diriger ?
- Oui. Là se trouve l’objet de notre recherche.






Ils marchèrent ainsi, d’un pas décidé, vers les montagnes qui flirtaient avec le ciel. Ce n’est qu’après une journée de marche qu’ils purent enfin atteindre leur but. Une fois sur les lieux, l’homme inspecta l’endroit, et au bout d’un moment il demanda à sa compagne, de creuser au pied d’un rocher d’apparence banale.

- Pourquoi ce rocher et pas un autre ? lui dit-elle.
- Observe bien tous les autres, tu remarqueras qu’aucun d’eux n’est recouvert par la mousse. Par contre celui que je t’indique il en est plein, n’est pas là une preuve que c’est à son niveau que l’eau des brumes se dépose ?
- Oui tu as parfaitement raison.

Sans plus poser d’autres questions, avec ses seules mains, elle se mit à creuser la terre. L’homme qui la regardait faire, s’approchait de temps en temps d’elle, prenait la terre ainsi dégagée entre ses mains, la humais, puis encourageait sa compagne à continuer.

Le travail dura toute une demi-journée. La femme présentait déjà des signes évidents de fatigue. Mais lui, l’encourageait toujours à continuer. Puis vint le moment où elle ne pouvait plus continuer malgré sa volonté, car un gros rocher lui interdisait toute possibilité de creuser. Alors elle se releva et dit à son ami :




- Cette fois je ne peux faire quoi que ce soit. Je ne peux pas creuser dans une pierre avec mes seules mains.
- Tu n’as pas besoin de creuser dans la pierre, il suffit juste que tu trouves un moyen pour le dépasser. Lui répondit-il avec un air énigmatique.
- Moi je n’en peux plus, viens creuser à ton tour.
- Seule une femme peut faire jaillir l’eau du renouveau. Si tu veux que la vie redevienne ce qu’elle était, c’est à toi de trouver la bonne solution.
- Mais je n’en possède aucune.
- Alors je men vais, je n’ai plus rien à faire ici !
- Tu ne vas pas m’abandonner quand même !
- Si je m’en vais ! lui rétorquât-il l’air sévère.

Et sans plus écouter d’avantage les réclamations de sa compagne, il s’était retourné sur lui même, pour aussitôt disparaitre derrière les montagnes. Restée seule, la femme ne sut plus quoi faire. Elle regarda le trou qu’elle venait de creuser et la pierre qui était toujours là en obstacle devant ses efforts, alors de rage elle se mit à pleurer. Ses larmes tombaient alors goutte après goutte sur la pierre, et toute étonnée, elle les vit creuser un passage dans le caillou au fur à mesure qu’elles le heurtaient.
Devant ses yeux ébahis, l’ouverture grandissait à vue d’œil, puis subitement une force terrible vint des entrailles de la terre, et soudain un jet puissant d’eau la projeta en arrière.
Avant même qu’elle ne se relève et qu’elle ne retrouve son esprit, elle entendit l’homme du passé qui criait derrière elle :


- Tu as réussis, tu as réussis ! Je savais bien que tu finiras par y parvenir.

Heureuse, mais exténuée, elle courra vers lui l’enlaça et lui murmura avec émotion :
- Nous avons réussis, nos avons réussis !
- Oui mon amie !oui, nous avons réussis ! regarde cette eau que tu as fait jaillir ! Admire sa limpidité, sa fraicheur !
- Je croyais que tu étais parti et que tu m’avais abandonné.
- Il fallait bien que je fasse semblant de partir, autrement tu n’aurais jamais pu faire ce que tu viens d’accomplir. Il fallait t’obliger à ne compter que sur tes propres ressources.
- Et maintenant quel est le programme ?
- On doit diriger le cours d’eau vers les quatre points cardinaux.
- Allons-y, alors, sans plus tarder.

Les deux amis se mirent immédiatement au travail. Avec beaucoup d’abnégations et de déterminations ils parvinrent à creuser quatre sillons dirigées l’un vers l’est, l’autre vers l’ouest, un troisième vers le sud, et enfin le dernier vers le nord. L’eau qui se répandait par terre, comme guidée par une force mystérieuse se mit doucement, mais de plus en plus abondamment à circuler dans les canaux creusés par l’homme et la femme. Le débit de l’eau devenait de plus en plus rapide, les sillons s’élargissaient à vue d’œil, et ne tardèrent pas à devenir des lits pour les rivières qui allaient acheminer l’eau du salut vers toutes les contrées du monde, afin de réveiller enfin les grains de réminiscences en somnolence.




- Avons-nous accomplis notre mission ? demanda la femme.
- Je crois que oui.
- Ou irons –nous maintenant ?
- Vers le sommet de la montagne qui domine tout.

Pendant tout le reste de la journée ils escaladèrent le flanc de montagne, et ce n’est qu’au coucher du pâle soleil, qu’ils parvinrent à atteindre son sommet. De là, ils parvenaient à dominer tout les alentours. La nuit de l’attente pouvait désormais commencer.

Ils passèrent la nuit à s’aimer comme ne l’avait jamais fait un homme ou une femme avant eux. La lune, témoin de leurs ébats, les a enduit de sa douce lumière ajoutant un plus de merveille à leur ivresse. Leurs soupires s’envolèrent dans les airs, et se transformaient en de douces mélodies qui berçaient les monts et les collines. Leurs gémissements devenaient de beaux poèmes qui réveillaient les âmes des humains de la léthargie dans laquelle elles se trouvaient confinées. La sueur qui se dégageait de leurs corps devenait une douce caresse salvatrice qui lavait l’univers de son péché.
Quand la lune, avait glissé vers le lieu de sa retraite, aidée en cela par les premiers rayons du soleil, l’homme et la femme, le virent enfin resplendissant de clarté. De sa chaleur il engloba la terre, qui pétillante frémissait déjà en réponse à ses cajoleries. Sa lumière déposa ses premiers baisers sur les herbes et les plantes qui commençaient à sortir de leur engourdissement. Alors comme par enchantement, leurs nervures se remplièrent de sève nourricière. Leurs feuilles fières et altières retrouvèrent leur verdure .La vie renaissait des entrailles de la terre.
Au matin, parvenait déjà des forêts lointaines le bruit des animaux qui recouvraient leur milieu. Le ciel fut égayé par les ritournelles aussi douces les unes que les autres des oiseaux de toutes sortes. Le bruissement de l’eau qui jaillissait de partout, répondait en écho à cette douce musique qui chatouillait l’ouïe de tous les humains.
L’homme du passé, prit alors une flute de sa poche, et joua à satiété un air si mélodieux, que partout où se trouvait les humains, ils finirent par accourir au pied de la montagne de l’amour, saluer l’homme et la femme qui ont redonné à la vie son sens.

Ayant vu que tout le monde étaient là, l’homme du passé et sa compagne, descendirent enfin vers eux. Les hommes et les femmes, venus pour les aduler, leur posèrent alors une seule question : comment ont-ils pu réaliser un tel miracle ?
Il les regarda, en silence, puis il finit par leur dire :
- Qui aime la vie, engendre la vie. Son socle repose sur l’amour. L’avenir désormais vous appartient. C’est à vous qu’il revient de le préserver.
- Il se retourna alors vers la femme et lui dit :
- je peux te monter le chemin qui conduit vers mon cœur. Je peux t’amener vers le lieu d’où je viens.



Sans ajouter un mot de plus il la guida vers les sentiers qui mènent vers la félicité. Vers ce monde mirifique, où seule la convivialité était loi.
Les siècles passèrent, mais le souvenir du miracle est resté vivace parmi les hommes. Beaucoup de peules, célèbrent à leur manière cette nuit où un homme et une femme ont accouché de la vie. La majorité de nations l’appellent aujourd’hui la nuit du destin, mais chez les tribus averties on continue à la nommer nuit du grand amour.














Souk El Had Le 09/10/07

Honore
Envoyé le :  11/5/2009 10:47
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: La nuit du grand amour
J'ai beaucoup apprécié ce conte qui nous ramène aux origines de la vie à travers les méandres des stigmates des erreurs humaines.
HONORE
awaliw
Envoyé le :  14/5/2009 16:22
Plume de platine
Inscrit le: 2/4/2009
De:
Envois: 3448
Re: La nuit du grand amour
Merci a toi Honore
tatsy
Envoyé le :  19/5/2009 13:03
Plume de platine
Inscrit le: 25/11/2007
De: là où nul ne peut me voir, dans le secret de mon âme
Envois: 5776
Re: La nuit du grand amour
Un magnifique conte que j'ai pris plaisir à lire!

Katel


----------------
tatsy

"D'une joie même, le souvenir a son amertume, et le rappel d'un plaisir n'est jamais sans douleur" Oscar Wilde

http://tatsy-entre...

crisroche
Envoyé le :  20/5/2009 14:21
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: Résistance
Envois: 13522
Re: La nuit du grand amour


----------------

awaliw
Envoyé le :  24/7/2009 22:58
Plume de platine
Inscrit le: 2/4/2009
De:
Envois: 3448
Re: La nuit du grand amour
merci tatsy
merci cristoche
Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster