Frivoles, doux et secrets, comme un vol d’alouette
Les souvenirs heureux soupirent au matin
Et donnent aux hirondelles, aux plumes de satin
Un public rêveur, doucement éveillé
Par la main chaude et belle de l’heure ensoleillée
Cette chaleur qui rappelle mon esprit Ă©tourdi
Cette chaleur qui réchauffe mes membres engourdis
Cette chaleur n’a qu’un nom : La main de ma Laurette
Je me souviens parfois des regards qui s’arrêtent
Eloignés par un frère, plus triste qu’amoureux
Et par sa seule vue nous nous rendions heureux
Et nous disions ensemble « Seigneur pourquoi la Lune »
« N’est-elle à son cou, pas plus que Neptune ? »
Et ses sourires suaves, ses parfums opiacés
Interdirent à Forêt l’idée de déplacer
Loin de moi ce diamant, loin de moi ma Laurette
Et puis passa l’été et le retour qu’on guette
Apportait avec lui un jugement des plus vils
Celui d’une rupture et celui d’un exil
Dans les matins brumeux, les instants de parloir
Etaient toujours trop courts, perdus dans le couloir
« Loin des yeux près du cœur », d’aucun savent prononcer
Et sans jamais souffrir, préfèrent renoncer
Mais c’est derrière la porte que s’ennuie ma Laurette
D’autres bras la cajolent, et son sourire s’émiette
A la façon d’une geôle et d’un baiser funeste
Me volent ses regards, me dérobent ses gestes
Mais elle a de l’amour, et en bon capitaine
Lui paye son bonheur, exact, Ă la semaine
Ouvrière ou duchesse, la beauté est semblable
Dès lors qu’à mon cœur, la perte est formidable
Mais qui donc tient l’ombrelle de la belle Laurette ?
Un autre été s’enfuit, et le destin me jette
Tout entier dans l’abîme où, seule, gisait mon ange
Mes larmes furent courtes et drapé dans ses langes
Je demandai « Comment me plaindre à son côté ? »
Elle savait me répondre et le chagrin m’ôter
Me disait : « Mon petit, donne-moi et fais fi »
« Un morceau de papier, de la philosophie »
Souriant, j’écoutais, quand parlait ma Laurette
Mais voici le départ que jamais je ne souhaite
Qui m’enverrait sans toi dans le foin de juillet
Et déjà pour le sacre, je tenais mon billet
Dans la pièce en silence, sans cesse à contenter
Ton pur Ă©clat de perle, ton orgueil Ă tenter
De t’envoler aussi, mais voyais-tu vraiment
Que nos ailes nous mènent sans l’autre au firmament ?
Que tel Icare le ciel, estompe nos sourires
Et blesse le passé qui se met à mourir ?
Dans la nuit d’automne brillent les yeux de ma Laurette.
Avec tout mon amour d’enfant, Ilies
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Ilies Belhadj