Mon bras s’entête.

- J’ai du plomb dans la tête et du fer dans le bras.

- Et de l’or, en as-tu ?

- Ne te moques pas de moi ! Question métaux, j’ai de la cervelle !

- Où çà ? Dans ta tête ?

- Non, dans mon bras.

- Ne sois pas stupide ! Sers-toi de ta tête et non de ton bras !

- Tu dis çà à ton bras droit ?

- Oui, car je suis à ta tête et non à ton bras ! Je n’ ai pas besoin de lui, j’en ai assez comme çà !

- Comment peux-tu lui dire cela ?

- Je ne sais pas si tu sais marcher sur les bras mais je vois que tu marches sur la tête !

- Tu veux me tenir tête. C’est inutile. C’est mon bras qui tire toujours les ficelles. Des idées, j’en ai plein la tête, mais c’est mon bras qui se lève pour parler. Mes pensées, il les sort du tiroir où il les a rangées. Lui seul a la clef.

- Tu t’entêtes avec ton histoire de bras ! Je le regrettes ! Moi qui croyais te connaître, depuis tant d’années ! Les bras m’en tombent ! Je ne sais pas quel rôle tu veux jouer dans cette histoire.

- Toi qui cherches un nouvel acteur ! Adresses toi à mon bras ! C’est lui qu’il te faut ! pas un autre !

- Un autre qui … ? Un autre quoi… ? Tu m’embrouilles, j’en perds la tête. Je t’ai toujours sur les bras. Je ne sais plus où je vais avec toi.

- Tu t’avances à tâtons sur le plateau. Tes mains tremblent. Que fais-tu dans le scénario ? Tu n’étais pas prévu, tu as dû te perdre.

- Mais c’est moi, ton partenaire de scène. Tu ne me reconnais pas ? Je te parles mais tu te caches. Où es-tu ? Fais moi un signe du bras.

- Tu es aveugle, avoues le ! Heureusement que tu peux t’accrocher à mon bras. Tu vois bien qu’avec ta tête, la vue te fait défaut. Tu ne peux plus faire un pas sans tomber.

- C’est de ta faute ! Avec ton bras, tu m’empêche d’y voir clair. Tu me bouches la vue. Tu me mène là où tu veux.

- C’est faux ! Ces derniers temps, c’est toi qui ne voulais pas me voir sur scène. A tes yeux, je n’étais plus un bon acteur. Tu m’as dit que je te coûtais les yeux de la tête !

- Toi et ton bras, je vous ai vu penser tout haut contre moi ! J’ai cru que ta tête finirait par les convaincre et qu’elle imposerait ses idées. C’est elle que je voulais embaucher. Elle était la meilleure pour jouer dans la pièce ! Je n’ai pas besoin d’un bras sur scène !

- Tu es aveuglé par tes préjugés. En réalité, je n’ai plus le rôle en tête et c’est mon bras qui s’en souvient.

- Rends moi mes yeux ! Où les as-tu mis ? Ton bras a dû les cacher dans un coin de la scène.

- Cherches les toi même ! Tu as dû les oublier chez toi. Il n’y a pas que ta vue qui baisse chez toi !

- Tu m’insultes ! Bras de lard !

- Tête grillée, tes idées sont frites à la poêle !

- Bras de pont ! Tu ne sais pas traverser la scène !

- Tête de manivelle ! Tu ne sais pas tourner ni dans un sens ni dans un autre !

- Bras d’oiseau ! Tu ne sais pas chanter !

- Tête de charrette ! Tu es rouillé et tu grinces en roulant sur scène !

- Bras de lit ! Rentre chez toi pour te coucher !

- Tête d’oreiller ! Tu fais dormir le public !

- Bras d’aiguille ! Bras d’épingle ! Tu me piques sans cesse dans mon orgueil.

- Tête en écharpe ! Tes idées sont plâtrées pour trois semaines !

- Vidons la querelle ! Ce soir, la tête et le bras joueront chacun leur rôle. Ils seront à l’unisson. Ce sera un triomphe.

Hervé GOSSE

Bonjour Hervé,

Eh bien! Quel humour! J'ai adoré.

Amitié

Merci beaucoup Facillire

Je suis touché par ton message
J'essaierai de lire à mon tour tous tes textes.
J'adore échanger aussi sur tous les écrits littéraires.

Amitié

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