J’étais enfant, j’étais gamine et j’aimais les bonbons.
Je vivais dans les alpes et m’enivrais de monts.
J’étais insouciante et apprenais la vie
Sous le toit bienveillant de mes parents chéris.
Je courrais dans les champs et butinais les fleurs,
De mes jeunes années je prenais le bonheur.
Je croyais à l’amour, je faisais mes prières.
Et quand je souriais on me disait lumière
Quand un jour vint l’ami de mon adoré père,
Je lui sautai au cou et vint sur ses genoux.
Ne voyant que tendresse aux yeux de ce grand frère
Je laissais ses caresses se poser sur mes joues.
Un jour d’anniversaire, dimanche de printemps,
Nous étions réunis dans mon jardin devant.
Mes cadeaux étaient beaux et j’aimais mes parents
J’étais gaie jeune et belle le jour de mes quinze ans.
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A la fin du repas, quant le calme revint
Je m’étais assoupie à l’ombre d’un sapin
Quand au chaud du sommeil un rêve m’oppressa
Juste un corps vieux et laid qui sans cris… me viola.
Sans pouvoir résister, plein de honte et de pleurs
Malgré tous mes refus je dus donner ma fleur.
Ayant commis son crime, cet « ami », ce malfrat,
Se mit à rire fort et d’un coup… m’assomma.
Sans souvenir aucun de ce qui m’arriva
Je fus sans doute mise dans un coffre vicié,
Qui sur ma jeunesse fut vite refermé
Et je me réveillai dans le noir d’un cachot.
La chaleur atroce qui régnait dans ce trou
M’enlevait toute force et séchait tous mes pleurs.
Je n’avais pour amis que de noirs cafards
Qui jouaient avec moi et me mangeaient les poux
Au terme de trois mois passés dans la prison,
Je vous passe les coups et les humiliations,
Je sortis en guenilles au soleil illogique
Et en ouvrant les yeux je découvris l’Afrique.
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J’avais lu bien des fois des histoires d’ambiance
Sur ce beau continent où vont les hirondelles
Mais je ne pensais pas, au fond de ma conscience
Le découvrir un jour, terrée… dans un bordel.
Soumise à tous les vices, oubliant qui j’étais
Je dus être soumise sous un prénom d’emprunt
Répondant à tout ordre sans pouvoir me cacher
Je fus l’objet désir, celui qu’on paye et prend
Appréciée de « Madame » et de son protecteur
J’étais de toutes les folies, de tous les corps-à -corps
Perdant en ces années l’innocence et la peur,
Et cuirassant mon cœur d’un insensible corps.
Avec quelques amies nous allions le dimanche
A la messe au village dans nos plus belles robes.
En voyant le martyr de ce doux sur la croix
Je ne me plaignais pas, j’avais toujours la foi.
Tout était bien tranquille, à mon corps défendant,
Quand un jour d’avril Madame m’appela.
Elle me dit toi ma fille tu vaux bien mieux que ça
Et nous allons pour toi aviser de ce pas.
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Emportant ma valise, et quelques livres amis
Pour la première fois l’océan je franchis
Pour découvrir émue Paris et mon pays
Ou je fus installée à la rue Saint Denis.
Je découvris le froid et toute la violence
Des bas fonds de Paris derrière les coulisses,
Des bourgeois argentés et même la police
Profitaient de mon corps et violaient ma conscience
Je fus même battue un jour de décourage
Et dus payer moi-même le fruit du non-butin.
Mais à force d’oubli, déterminée de rage,
Je pus en quelques ans, racheter mon destin.
Car il faut bien savoir, l’univers des voyous
A son code d’honneur et ses histoires de fous.
S’il ne vous appartient plus votre corps a un prix
En économisant vous quittez l’infamie.
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Je n’avais pas choisi de perdre ma jeunesse
En ce triste chemin qui m’apprit la détresse.
Je regarde les hommes du haut de mes vingt ans
Et vois les prédateurs sous les princes charmants
J’étais jeune insouciante, je suis vieille avant l’âge.
Et même si je souris j’ai subi trop d’outrages.
J’avance au fil de l’eau le visage bien haut
Et m’efforce de vivre le regard sans bandeau.
Je ne supporte pas les regards de désir
Ni les mines attristées de ceux qui n’ont rien dit
Je ne veux pas de plainte ni même de plaisir
Juste du respect pour qui je suis aujourd’hui.
Malgré tous ces tourments une femme accomplie
Une femme qui vit, malgré ce trou de vie
Aimez-moi comme il faut, prenez-moi comme je suis
Souvenez-vous toujours, moi je n’ai pas choisi….
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BANNI POUR PLAGIAT